[Kagoshima] Mission : 48h pour photographier Minami-Ôsumi

Cap Sata, Minami-Ôsumi

Le week-end dernier, j’ai été investie d’une mission toute particulière : photographier sous tout les angles le village de Minami-Ôsumi en compagnie d’une bande de 7 photographes. Direction Kagoshima !

 

Mais d’abord parlons un peu de Minami-Ôsumi. Je suis sûre que la très grosse majorité d’entre vous ne savent absolument pas où ça se trouve et je dois avouer qu’avant ce week-end je n’en avais jamais entendu parler.

Minami-Ôsumi (南大隅町) est un village se trouvant à l’extrême-sud de Kagoshima et de l’île de Kyûshû (la carte est en fin d’article). On y trouve le cap Sata qui est le point le plus méridional de l’île et 7000 habitants pour 213 km2 (la conception de « petit village » au Japon). Dans la voiture lorsque l’un d’entre nous a demandé si on était déjà dans le village, la réponse a fusé : non ici il y a encore des maisons. Lorsqu’il n’y aura plus rien ça voudra dire qu’on est presque arrivés… Ça résume bien l’endroit qui est surtout une succession de routes désertes slalomant entre les montagnes couvertes d’une jungle épaisse et de petits ports de pêche. Il y a aussi plus de singes que d’habitants.

 

Le but de ce séjour était d’envoyer envoyer 7 instagrammers de Fukuoka photographier Minami-Ôsumi tous frais payés pour que leurs photos soient utilisées pour promouvoir la ville*. Chacun des participants doit poster 10 clichés sur Instagram et la mairie choisira celles qu’elles préfère pour leur nouvelle brochure et leur site web. Bon, vu le temps qu’il a fait je ne suis pas sûre qu’ils aient eu de grands espoirs et je ne pense pas que nos photos serontchoisies mais impossible de décaler le séjour car il avait déjà été reporté  une fois à cause du passage d’un typhon.

*On ne m’a pas demandé de faire d’article donc je ne considère pas ue ce soit du contenu sponsorisé.

 

Apres avoir rejoint Kagoshima, nous avons récupéré deux voitures de location car il nous restait encore 3h de route. En effet il n’y a ni train ni bus qui va a Minami-Ôsumi, on ne peut compter que sur une auto. Plus nous nous rapprochions du village et plus la pluie s’intensifiait et c’est sous un petit déluge que nous sommes arrivés dans un des petits ports de pêche de Minami-Osumi.

Il était prévu que nous devions manger séparés en deux groupes, le notre devant aller dans un restaurant de poisson. Hélas notre heure d’arrivée fut trop tardive et nous nous sommes retrouvés à manger des ramens avec les autres. J’étais un peu déçue car j’adore le poisson cru mais l’ambiance du resto de ramen m’a vite consolée. On se serait cru en visite chez ses grands-parents ! C’est tout à fait le style de resto que j’aime : familial, avec des tatamis, la télé allumée en fond sonore et des choses à regarder partout. J’ai craqué pour les boules de chalut en verre que j’aurais volontiers ramené à la maison.

 

Le ventre plein nous sommes partis en direction le cape Sata, la pointe de l’île de Kyûshû. Sur le parking la pluie a redoublé de plus belle : un véritable déluge nous empêchant de sortir de la voiture. En écoutant les informations à la radio nous avons appris que la région connaissait son pire épisode de pluie depuis… 32 ans. C’est là que j’ai commencer à comprendre que je pouvais faire une croix sur l’espoir de ranger mon manteau de pluie dans ma valise. Au bout d’un moment et lors d’une petite baisse de forme de la part des nuages, la gardienne est venue nous dire qu’il fallait mieux renoncer car le risque de glissement de terrain était grand. Malgré ces précieux conseils, les deux responsables du projet ont décidé de tenter la route.

C’est la première fois que j’ai eu vraiment peur en voiture. La route était jonchée de morceaux d’arbres et de pierres et plusieurs glissements de terrains avaient commencé puisqu’on a traversé plusieurs rivières boueuses qui s’étaient formées sur le bitume. Au bout d’un moment et à mon grand soulagement les responsables ont décidé de renoncer et de rebrousser chemin. Le reste du programme fut annulé et nous sommes allés directement à l’hôtel en faisant quand même une petite pause photo sur le chemin. La jungle et les parapluies multicolores sont photogéniques !

Un petit tour sur la jetée, un bon bain chaud et un délicieux repas plus tard et il était déjà temps d’aller dormir. Nous devions aller photographier la voie lacté mais cela a aussi été annulé, bien sûr.

 

Parapluie multicolore, Minami-Ôsumi, Kagoshima

Le lendemain réveil a 5h pour un départ une heure plus tard. D’après la météo nous aurions un répit de 6 heures, jusqu’au déjeuner avant que le déluge ne reprenne de plus belle. Première étape  : le cap Sata (佐多岬, Sata Misaki) et cette fois la route était praticable et nous avons pu y accéder sans trop d’encombres. La encore nous n’avons pas eu de chance car si la vue depuis le parking du sommet était prometteuse, des travaux empêchaient d’aller jusqu’au poste d’observation et nous n’avons pu aller que jusqu’au petit sanctuaire Misaki à mi-chemin. Nous avons vu nos premiers spécimens de singes, vraiment pas farouches !

 

 

 

Nous avons continué les visites toute la matinée et en début d’après midi en nous séparant en deux groupes mais j’en ai rapidement eu marre de devoir sortir de la voiture, avoir froid, affronter la pluie et le vent pour prendre des photos d’un paysage gris. En plus le manque de sommeil se faisait sentir et j’avoue être restée dans la voiture pour les derniers endroits car on était passé par des endroits similaires avant.

Je suis ressortie quand nous avons rejoint l’autre groupe pour voir la cascade Ogawa no taki (雄川の滝) qui était déchaînée à cause du barrage en amont que les techniciens avaient laissés grand ouvert à cause de la pluie. J’avais vu les photos d’une jolie cascade calme aux eaux turquoises et me suis retrouvée devant une eau déchaînée. Au moins c’était impressionnant, mais le petit baraquement ainsi que le panneau clignotant « attention danger » a rendu le tout moins esthétique. En plus nous n’avons pas pu aller en bas.

 

bene-reflection

Dernière visite : le pont. Les japonais sont fascinés par les ponts et en font carrément des endroits must-to-see. Franchement oui la vue était sympa et l’architecture aussi mais de là à en faire une attraction locale je trouve ça un peu exagéré. Peut-être que je commençais juste à être sérieusement lassée du temps haha. Au moment de repartir, impossible de bouger la voiture garée en bordure d’un champ : les roues était complètement embourbées!

Il a été décidé que les filles partiraient photographier un dernier endroit pendant que les hommes attendraient la dépanneuse. Nous sommes donc allées jusqu’au sanctuaire Kawaminami Suwa et ô miracle, au moment pile où nous sommes arrivées la pluie s’est arrêtée et le soleil a commencé à briller. Ce joli sanctuaire est très original puisque deux grands portails torii en gardent l’entrée : la tradition veut qu’on entre par celui de gauche et que l’on  ressorte par celui de droite. Jusqu’à il y a quelques années, la tradition était que lorsque les toriis devenaient obsolètes ou si ils étaient abîmés par un typhon, tous les hommes (enfants compris) divisés en deux équipes participaient à leur reconstruction en redescendant des troncs d’arbres de la montagne. L’équipe gagnante avait le privilège de construire le torii de gauche qui est apparemment plus sacré. A cause du vieillissement et de la diminution de la population ce dangereux rituel a été abandonne et les torii actuels sont construits en béton. Sans lire ces lignes sur la brochure que nous avons reçu je n’aurais jamais fait attention mais c’est vrai que ça se voit qu’ils ne sont pas en bois. Quoi qu’il en soit j’ai beaucoup aimé cet endroit. Suwa est dédié au dieu qui protège l’agriculture et les enfants. A la place des ema (plaquettes de voeux en bois) on peut acheter des bavoir qui sont ensuite accrochés dans le sanctuaire, c’est sympa.

 

 

 

Même si la pluie a littéralement gâché le séjour, j’ai beaucoup aimé faire partie de ce voyage. J’ai retrouvé trois photographes du city meet de juillet dernier donc je n’étais pas en terre inconnue et tous les autres étaient très sympas même si c’était un peu du chacun pour soi. J’entends par là qu’il y avait toujours quelqu’un dans le champ ou qui passait devant l’objectif et c’était un peu casse-pieds, surtout pour quelqu’un comme moi qui a une sainte horreur de photographier les gens.

Je sais qu’il y a d’autres séjours de prévus et si les mêmes personnes peuvent postuler j’aimerais prendre ma revanche pour espérer découvrir le village sous son meilleur angle et prendre d’autres photos.

 

Pour être franche, je ne pense pas que Minami-Ôsumi vaille spécialement le déplacement lors d’un petit voyage dans le coin mais si on est véhiculé et là pour quelques jours c’est une très bonne idée pour découvrir une autre facette du Japon. J’ai beaucoup aimé le cap, le sanctuaire Suwa, les paysages et surtout le fait de me sentir complètement dépaysée. C’est une chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps au Japon. Je ne sais pas si c’était le fait de voir des petits glissement de terrain, d’être entourée de jungle, la pluie ou le fait de me savoir au bout de l’île mais j’avais vraiment l’impression d’être ailleurs.

Photographes Minami-Ôsumi

 

Accès et informations pratiques

Minami-Osumi (南大隅町)

 


Accès depuis Kagoshima
Trois heures de voiture depuis la gare de Shinkansen de Kagoshima. Prendre l’autoroute et sortir a Kokubu IC puis prendre les routes 220, 68 et 269 (dans le prolongement les unes des autres).

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9 Comments

  1. Pas de chance pour la météo, mais ça donne une photo super sympa et un brin mystérieuse avec les montagnes (collines ?) embrumées. En tout cas ça me fait plaisir (et me rassure un peu) de voir que je ne suis pas la seule à ne pas aimer photographier les gens. (Je n’avais pas particulièrement fait attention avant en lisant tes articles.) On m’a déjà demandé pour quelle raison je revenais toujours de voyage sans avoir pris le moindre habitant en photos, difficile de faire comprendre à quel point ça me met mal à l’aise de photographier des gens comme je photographie des bâtiments.

  2. Et bien quelle aventure !
    La photo de la jungle et du parapluie arc-en-ciel est vraiment très sympa, j’adore l’atmosphère. Et que dire du bric à brac du restaurant, top !
    Merci pour la balade même sous la pluie.

  3. Coucou !
    C’est vraiment dommage pour le temps, surtout que le coin a l’air sympa et je ne connaissais pas du tout !
    Les photos sont bien prises malgré le sale temps (moi non plus je n’aime pas trop photographier les gens)
    Le Sanctuaire est très joli !
    Hâte de voir ta prochaine vidéo alors ! 🙂
    À bientôt ^^

  4. Malgré les mauvais temps, tu as quand même fait de jolies photos ! J’ai vraiment hâte de voir ta vidéo, elles m’avaient manqué ! 🙂

  5. J’adore cet article en dehors des sentiers battus! Ca donne un bon aperçu du Japon non-touristique. Et malgré la pluie, les photos donnent un aspect inattendu des lieux 🙂

  6. Un grand merci à toi. J’espère que beaucoup de personnes regarderons ton reportage ce serai plus que mérité après tout le mal que tu t’ai donné.