Prêtresse shintô (miko) d’un jour au sanctuaire Koinoki

Experience miko au sanctuaire Koinoki, ville de Chikugo, Fukuoka

Le mois dernier j’ai participé à un atelier super original qui m’a fait devenir une miko (prêtresse shintô) pour quelques heures. Cela s’est déroulé dans le sanctuaire le plus adorable de Fukuoka: le Koinoki, dédié à l’amour.


Le Koinoki (恋木神社, j’en avais déjà parlé brièvement dans cet article), surnommé le sanctuaire de l’amour donc, est situé dans la ville de Chikugo, tout au sud de Fukuoka. La ville mise tout sur la réputation du sanctuaire pour attirer des visiteurs et l’office du tourisme organise différents ateliers sur ce thème tout au long de l’année.
Dans le programme on trouve de la fabrication de sushis en forme de fleurs et cœur, des balades en kimono, des ateliers fabrication mais aussi l’expérience miko ! Cet atelier est organisé une fois par an le week-end avant la saint Valentin et cette année c’était la 2ème édition. Coup de chance j’ai trouvé l’info suffisamment tôt pour pouvoir nous y inscrire, une amie et moi.

 

Devenir une miko était un de mes rêves depuis de nombreuses années et j’ai sauté de joie quand j’ai eu vent de l’atelier. En même temps j’ai appris que les prêtresses sont employées en baito (petits jobs d’étudiants) donc n’importe qui peut postuler. Enfin ça c’est en théorie puisqu’il faut être une femme et ne pas être mariée (les sanctuaires imposent d’ailleurs souvent une limite d’âge). Je pense aussi qu’il faut avoir un bon niveau en japonais car les miko s’occupent de rédiger les goshuin mais ça j’en reparlerai plus loin dans l’article. Bref tout ça pour dire que si je l’avais su au moment où j’étais étudiante j’aurais foncé tête baissée.

Le jour-J mon amie et moi avons pris le train depuis Hakata. Nous sommes arrivées un peu tôt et étions les premières. Nous avons fait la connaissance de la miko en chef et les employées de l’office du tourisme et avons payé les 5000 yens que coûte l’atelier. Une fois toutes les participantes arrivées on a refait les présentations puis on nous a brièvement expliqué le programme de la matinée.

Dans un premier temps on a du nettoyer le sanctuaire. Le nettoyage est le premier travail des miko quand elles arrivent le matin. On a revêtu un vêtement de protection puis on est parties frotter le bâtiment du Koinoki avec des serviettes humides, le tout sous les yeux écarquillés des premiers visiteurs. L’eau avait beau être tiède, le vent était glacial ce jour-là et à force de briquer j’avais les doigts complètement gelés.
Quand le sanctuaire fut propre comme un sou neuf on a enlevé notre veste, avons rendu les serviettes et le seau d’eau et les choses sérieuses ont commencé.

 

 

Pour être miko il est indispensable de se présenter devant les dieux et d’avoir leur bénédiction alors nous avons été prier, d’abord au Mizuta puis au Koinoki. On nous a appris les positions adéquates pour la prière (inclinaison du buste, position des mains, etc), c’était vraiment enrichissant. Ensuite nous avons pénétré dans le sanctuaire et un prêtre nous a bénies. La cérémonie s’est déroulée en 3 parties : chants et « psaumes » du prêtre, offrande et bénédiction et encore des chants et « psaumes ».
Pour l’offrande nous sommes passées deux par deux devant l’autel. Nous avons dû nous incliner, puis offrir une branche sacrée en la tournant dans le sens des aiguilles d’une montre pour qu’elle soit face à l’autel. Pendant de temps le prêtre secouait un objet sacré sur nous.

 

Prière au sanctuaire Mizuta, ville de Chikugo, Fukuoka
Prière au sanctuaire Mizuta

 

Une fois officiellement miko, nous sommes retournées dans notre salle et avons revêtu la tenue ! Elle se compose de 3 éléments : un sous-kimono blanc, un « kimono » blanc arrivant aux genoux et un pantalon rouge vif appelé hakama. Nous avons aussi revêtu des tabi (chaussettes avec le pouce séparé) et du attacher nos cheveux. Cette tenue est très pratique. Ce n’est ni trop ample ni trop serré et on peut bouger facilement : idéal pour le travail des miko ! Et puis que c’est joli…

En parlant de travail nous avions du pain sur la planche !

Dans un premier temps nous avons dû calligraphier un goshuin; vous savez ces calligraphies que l’on collecte dans un carnet. Quand j’en ai vu un posé sur la table je pensais que nous allions pouvoir repartir avec mais pas du tout, il fallait qu’on écrive le nôtre. Nous devions calligraphier le nom du sanctuaire au centre, le mot « hôhai » (奉拝, prière) à gauche et la date du jour et notre nom à droite. Et par-dessus tout ça un coup de tampon.
Ce travail est très difficile. Il faut penser à la taille des idéogrammes, aux espaces, à l’aspect général et à plein d’autres choses. Je pense que les miko en charge des goshuin doivent avoir une bonne base en calligraphie japonaise. Moi et mon écriture d’un enfant n’auraient jamais pu faire ce job. Malgré cela j’étais décidée de me contenter de mon 1er essai ce qui me semblait plus authentique (sauf si il avait été complètement raté) et j’ai essayé de faire au mieux avec tout mon coeur. Même si il est loin d’être parfait je suis fière d’avoir dans mon carnet un goshuin de ma réalisation.

Mon amie et les autres participantes ont du faire une bonne demi-douzaine d’essais chacune alors j’en ai profité de mon temps libre pour parler avec les personnes de l’office du tourisme et la chef miko. C’est comme ça que j’ai appris une info capitale : si on n’a pas son carnet de goshuin avec soi lorsqu’on visite un sanctuaire ou un temple, il est possible de demander à ce qu’on vous le calligraphie sur une feuille que vous pourrez coller dans votre carnet. À partir de maintenant je le saurais.

Une fois que tout le monde eut terminé et après une photo de groupe nous avons commencé le second atelier. Cette fois il s’agissait de confectionner notre propre amulette ou o-mamori en japonais. C’est l’autre gros travail des miko. Bon bien sûr tout n’est pas fait de a à z partout mais ce sont elles qui assemblent les différentes parties de l’amulette (fils, clochettes, etc) et qui font leurs si jolis nœuds.
Nous devions tresser différents fils puis ajouter un espèce de pendentif gravé au nom du sanctuaire.

Bizarrement j’ai tout de suite compris la technique alors que je ne suis pas DU TOUT manuelle (des restes de l’école primaire et des bracelets brésiliens sans doute) et ai fini mes amulettes en un rien de temps. Sur les trois nous devions choisir la plus réussie et elle nous serait renvoyée par la poste un mois plus tard après avoir été bénie.

Experience miko au sanctuaire Koinoki, ville de Chikugo, Fukuoka
Tressage d’une amulette

 

Après nous avons pu manipuler les objets servant à un mariage traditionnel shintô comme les « cruches » et les récipients où on sert le sake aux mariés et à leurs parents. Encore une fois ce fut instructif et d’ailleurs si j’ai la chance de me marier un jour au Japon j’opterais sans hésitation pour une cérémonie au sanctuaire.

Pour finir nous nous sommes promenées dans l’enceinte des deux sanctuaires avec pour but principal de prendre des photos. Je ne posterais pas les photos de groupe car je n’ai pas l’autorisation des 3 autres participantes (dont une est mineure) mais voici celles de mon amie Madoka et moi ainsi que les clichés que j’ai pu prendre au fur et à mesure de notre promenade.

Experience miko au sanctuaire Koinoki, ville de Chikugo, Fukuoka
Promenade dans le sanctuaire
Sanctuaire Koinoki, ville de Chikugo, Fukuoka
On doit marcher en cercle autour de l’arbre pour avoir de la chance en amour

 

 

Ville de Chikugo, Fukuoka
La ville de Chikugo autour du santcuaire Mizuta

 

Alors, suis-je comblée par cette expérience de miko ?
OUI ! Je suis ravie de m’être inscrite ! En plus d’avoir réalisé un rêve et d’avoir appris beaucoup de choses, j’en suis ressortie comme transformée, je me sentais vraiment bien et apaisée. J’aurais juste aimé que l’expérience dure un peu plus longtemps, pourquoi pas toute la journée.

Si vous voulez devenir miko deux solutions s’offrent à vous :
– soit vous habitez au Japon et vous êtes suffisamment motivée dans ce cas vous pouvez postuler dans les sanctuaires du pays;
– soit vous n’habitez pas au Japon (ou c’est le cas mais vous n’avez pas envie / ne pouvez pas avoir un petit job dans cette branche), dans ce cas vous pouvez trouver des sanctuaires qui proposent l’expérience.
Celle du Koinoki est mise en place une seule fois par an et il faut s’inscrire sur leur site web en janvier. Autrement, le sanctuaire Izumi à Kumamoto offre des mini-initiations en anglais quelques fois par an. Enfin au Amagasaki Ebisu à Amagasaki (préfecture de Hyôgo) on peut essayer cette expérience toute l’année. Réservations en anglais sur le site Veltra.

 

Accès et informations pratiques

Sanctuaire Koinoki (恋木神社)

Accès depuis la gare d’Hakata :
Prendre la ligne JR Kagoshima (direction Arao) jusqu’ à la gare de Hainuzuka (羽犬塚駅). Le trajet prend 44 minutes en express et coûte 940 yens. De là il faut marcher environ 20 minutes.

Le temple Tôchô-ji de Fukuoka
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9 Comments

  1. Très intéressant article.
    J’avais vu les photos sur Instagram et j’attendais l’article avec intérêt.
    Je ne manquerai pas d’aller dans ce sanctuaire avec ma compagne un jour prochain.
    Bien sûr je ne risque pas de faire le mini-stage 😉

  2. L’expérience semble super à vivre. Excellent article, comme d’habitude! 🙂

  3. Quelle formidable expérience, merci de nous la faire partager. J’aime discuter avec les miko quand elles sont disponibles et qu’elles parlent anglais

  4. J’aurais tellement aimé découvrir ca un jour aussi. Mais c’est trop tard, je suis une vieille mariée maintenant, c’est fichu !
    J’imagine en revanche qu’il faut quand meme bien se débrouiller en japonais pour pouvoir profiter de cet atelier ?!

    • Oui clairement le japonais est indispensable, en tout cas là où je l’ai fait. Dans l’autre endroit je pense qu’avec de l’anglais ça peut passer vu qu’il y a pas mal d’étrangères qui s’y inscrivent (mais le site n’est qu’en japonais).