La merveilleuse histoire de Hibaruzakura
Aujourd’hui j’aimerais vous raconter une jolie histoire. Celle du parc Hibaruzakura et des cerisiers qui y sont plantés.
De premier abord, le parc ressemble à n’importe quel autre mais il n’est pas ordinaire car il a failli ne jamais voir le jour.
Vous êtes prêts ? On remonte 40 ans en arrière.
Il était une fois...
L'histoire du parc Hibaruzakura
Il était une fois Hibaru (桧原), un quartier résidentiel paisible du sud de Fukuoka.
Il y avait une courte allée de cerisiers, bordant un petit lac et une route tranquille qui traversait la zone pavillonnaire. Elle était très appréciée des habitants du coin qui venaient y faire hanami tous les ans.
Malheureusement, dans les années 80, l’élargissement de la petite rue adjacente fut décidé et les cerisiers, devenus gênants, sont voués à être abattus. Nous étions en mars, ils étaient en pleine floraison et magnifiques.
Le lendemain matin de l’abattage du premier arbre, les ouvriers du chantier trouvèrent un poème écrit sur un papier et attaché au tronc d’un des cerisiers :
花守 進藤市長殿
花あわれせめてはあと二旬
ついの開花をゆるし給え
« Monsieur le maire, protecteur des fleurs,
accordez la miséricorde à ces arbres
et permettez-les de fleurir pour encore deux saisons. »
Un chef d’une entreprise locale a vu ce mot. Il partageait cette opinion et fut tellement touché qu’il en parla à son sous-directeur. Ce dernier parla du poème à un ami journaliste qui écrivit un article dessus en reprenant pour titre « accordez la miséricorde à ces cerisiers ».
Après la publication de l’article, les poèmes se sont multipliés sur les arbres et parmi eux, un avait une signification toute particulière.
桜花惜しむ
大和心の うるわしや
とわに匂わん 花の心は
« Epargnons les fleurs de cerisiers.
Elles ne peuvent pas ressentir la beauté de l’âme des japonais. »
C’était la réponse écrite par le maire de Fukuoka de l’époque Kondô Kazuma.
Il demanda au chef du chantier de repousser l’abattage jusqu’à la fin de la floraison. Les travaux étaient déjà bien avancés et c’était la fin de l’année fiscale : deux bonnes raisons pour qu’ils continuent comme prévu mais l’amour des habitants pour leurs cerisiers fut le plus fort.
Le plan initialement prévu fut changé et les cerisiers furent préservés dans un parc : le parc Hibaruzakura.
Le parc Hibaruzakura de nos jours
En 2021, les cerisiers du parc Hibaruzakura fleurissent encore. Les sakuras préservés sont traversés par une allée avec un mémorial.
Le parc a été agrandi ces dernières années et en plus des cerisiers déjà présents, de nouveaux arbres ont été plantés dans l’extension du parc où on trouve aussi des jeux pour les enfants. Toutes les installations sont de couleur rose et aux motifs des cerisiers : le bac à sable est en forme de sakura et un jeu d’équilibre en forme de pétales. Les tables et bancs sont faits avec de la mosaïque rose. C’est super mignon !
Par contre, si Hibaruzakura borde la fameuse rue agrandie, il est aussi au bord d’une nationale et au pied de l’autoroute. Inutile de dire que les abords ne sont pas franchement des plus accueillants. Le carrefour est plutôt dangereux avec des véhicules roulant à vive allure et la beauté des cerisiers ne fait pas oublier les bruits de la circulation. Dommage.
Ma visite du parc Hibaruzakura
Lorsque j’ai appris cette histoire, à travers un post Instagram, j’ai aussitôt voulu aller visiter le parc Hibaruzakura.
J’ai fait une rapide recherche pour savoir comment m’y rendre et bonne nouvelle ce n’était pas trop compliqué depuis chez moi. J’ai donc embarqué Sei tôt un matin, impatiente de découvrir un lieu avec une si jolie histoire.
Arrivée sur place c’est la déception. J’ai complètement oublié de vérifier l’orientation du parc et coup de malchance, il est à contre-jour le matin. Il m’est impossible de faire des photos correctes et nous rentrons plus tôt que prévu, non sans avoir fait quelques repérages pour une seconde tentative. Et puis franchement, l’emplacement du parc, que je découvre est encore une fois très bof.
Le deuxième essai sera le bon. Forte de ma première expérience, je choisis la fin d’après-midi pour ma deuxième tentative. Nous sommes vendredi, il est aux alentours de 16h30 et le parc est bondé entre les enfants qui jouent, les retraités assis sur les bancs et les familles qui prennent des photos des cerisiers. Je donne son goûter à Sei sur la seule table du parc (libre heureusement) et nous patientons le temps que le parc se vide un peu. Une demi-heure plus tard il n’y a déjà plus grand monde. J’installe mon trépied pour faire quelques photos avec mon fils sous les cerisiers puis je le remets dans le porte-bébé et vais shooter tout ce que j’avais noté l’autre matin. La lumière est belle, les cerisiers éclatants de beauté et les installations en forme et aux couleurs des sakuras sont vraiment trop mignonnes.
Ce parc fut une jolie découverte, plus pour son histoire que pour le lieu en lui-même. Je ne pense pas que j’y retournerai à l’avenir mais j’ai été contente d’y avoir été cette année.
Les poèmes de Hibaruzakura
De nos jours des poèmes sont toujours visibles dans le parc. Les élèves de l’école primaire de Hibaru écrivent puis illustrent des poèmes et ils sont affichés dans le parc chaque printemps. On peut aussi voir quelques poèmes d’habitants du quartier accrochés aux cerisiers.
Autrement, le comité de sauvegarde et de mémoire du parc Hibaruzakura organise tous les ans un concours de poèmes. Pour participer c’est simple : il faut écrire un poème en japonais sur le thème « sakura » et l’envoyer soit par mail via le formulaire de contact ici, soi en le déposant dans la boîte aux lettres « sakura » qui se trouve dans le parc.
Le concours est ouvert tous les ans du 1er mars au 30 septembre et il y a différents prix à gagner. À vos stylos !
Accès et informations pratiques
Parc Hibaruzakura (桧原桜公園)
Adresse :
1 Chome-5 Hibaru, Minami Ward, Fukuoka, 811-1355
Tarif :
gratuit
Horaires et jours d’ouverture :
tous les jours 24h/24.
Accès :
3 minutes de marche depuis l’arrêt Matsumoto-ike (松本池) sur les lignes 55 et 152.
6 Comments
2024 © Béné no Fukuoka !
Béné no Fukuoka ! est fière d'être la référence en français sur Fukuoka et l'île de Kyûshû.
Une belle histoire qui nous vaut de belles photos comme toujours. Pas sûr que ce soit possible chez nous !
C’est sympa de connaître l’histoire qu’il y a derrière ce parc ! Ce qui me fait me demander : combien d’autres endroits, en apparence anodins, ont en fait une véritable histoire ?
Je ne pense pas qu’il y en ai beaucoup. En tout cas à Fukuoka c’est le premier récit de la sorte dont j’entends parler.
Merci pour cette jolie découverte. C’est dommage pour le bruit alentour, car l’histoire de ce parc est vraiment chouette.
Je suis contente de découvrir cette histoire. Cela fait plaisir de voir que la mobilisation des habitants a permis de sauvegarder une partie du patrimoine de leur quartier et que le parc ait pu voir le jour. C’est par contre dommage pour la localisation . Il mériterait un plus bel écrin. Mais qui sait si un jour j’ai la chance d’être à Fukuoka en pleine floraison j’irai peut être faire un tour pour y réciter un poème
J’avais trouvé l’histoire vraiment mignonne sur Instagram et je suis ravie de l’avoir en version plus détaillée par ici !