S’intégrer au Japon ? Oui, c’est possible !

S'intégrer au Japon ?

Merci à tous pour vos retours sur mon dernier article, ça me fait plaisir de voir que vous avez apprécié mes itinéraires. Aujourd’hui j’aimerais aborder un sujet d’un autre registre : l’intégration au Japon.
 
Ah la grande question de l’intégration. C’est un sujet épineux souvent abordé par les français ayant vécu sur place ou non.
On parle toujours du Japon comme d’un pays où il est difficile voire impossible de s’intégrer en tant qu’étranger mais en vrai qu’en est-il ?


 
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : oui je suis intégrée. Oui je suis persuadée avoir réussi ce challenge qu’on murmure être impossible. Incroyable non ?

Si on me demande pourquoi je suis autant sûre de moi, je répondrais que c’est une accumulations d’un tas de petites choses : des situations, des phrases, le comportement des gens autour de moi, mais aussi un ressenti général et des comparaisons avec d’autres français au Japon (de ce que j’ai pu lire comme témoignage au fil des ans sur des blogs ou sur les réseaux sociaux).

 
Tout d’abord j’ai envie de vous livrer ma définition de l’intégration.

Pour moi c’est le fait de pouvoir vivre de façon autonome et épanouie dans un pays, sans rencontrer de difficultés, d’obstacles ou de différence de comportement liés à sa nationalité ou à son visage, tout en s’étant adapté aux coutumes et règles de son pays d’accueil.

 

Au quotidien je mène une vie on ne peut plus normale, tout comme quand j’étais en France. Je ne suis dépendante de personne. Mis à part que je suis dans un pays différent je ne vois strictement aucune différence.
On connait tous quelqu’un qui a eu des problèmes liés à son faciès au Japon, que ce soit pour obtenir un logement ou un travail, par exemple. Pour ma part je n’ai jamais rencontré le moindre souci ou refus car j’étais étrangère.
Mieux, je ne me reconnais pas dans ce racisme ? (xénophobie ?) décrié par tant de monde. La place de vide à côté de soi dans les transports, le vendeur du combini qui donne une fourchette à la place de baguettes, les gens qui te parlent en anglais, les regards insistants, les soupirs et autres claquements de langue, je ne connais pas. Enfin si, j’ai connu ça les années où j’étais en école de langue à Tôkyô l’été mais pas depuis que je vis ici. A chaque fois que je lisais ces témoignages je me sentais vraiment à part, limite dans un autre pays. Alors soit j’ai une chance incroyable et je suis toujours très bien tombée (mais je n’y crois pas trop), soit j’ai réussi à m’intégrer (ce qui est un peu plus plausible).
 

Comment ai-je fait pour m’intégrer ?
Je n’y avais jamais réfléchi avant d’avoir l’idée de faire cet article et je dois avouer que je ne sais pas vraiment. En fait j’ai l’impression que ça s’est fait naturellement. C’est juste un exemple mais je ne me souviens pas avoir eu d’incompréhensions ou de choc culturel même si il m’est bien sûr arrivé de trouver certaines choses curieuses (notamment dans le monde du travail). Peut-être que le fait d’avoir voyagé autant de fois au Japon en amont m’a aidée à ne pas avoir de grosses surprises quand je suis venue y habiter ou peut-être que certains de mes choix m’ont aidée ? Ou encore peut-être est-ce un pays qui colle à ma mentalité ? Un peu de tout ça sans doute.

 
Quoi qu’il en soit je ne pense pas être un cas exceptionnel ni un exemple. Il y a des dizaines d’autres français répartis sur l’archipel nippon qui sont aussi bien intégrés. On est juste probablement pas ceux qui s’expriment le plus sur Internet ou dans les médias (malheureusement il est mieux vu de montrer les mauvais côtés de la société japonaise). Car on sait ce qui nous pend au nez, la terrible « tatamisation ».
C’est un peu devenu « l’insulte » suprême entre français du Japon alors que cela veut juste dire « s’imprégner de culture japonaise ». Si on s’en tient à cette définition alors tous les français du Japon sont tatamisés et je ne vois pas en quoi il est rigolo de s’en servir comme moyen d’attaque.

 

Désolée pour la digression, je reviens au sujet principal.

Si je devais résumer en quelques points les clefs indispensables pour s’intégrer au Japon je dirais qu’il faut :
– le vouloir (quand on veut on peut !);
– parler japonais;
– s’intéresser à la vie locale;
– ne pas s’enfermer entre français (ni jouer à « je suis étranger donc »);
– connaître sa ville et sa région;
– avoir du respect;

 

Je développe juste le deuxième point à savoir parler japonais. Pour moi maîtriser la langue est primordial : pouvoir communiquer, lire, écrire, comprendre et se faire comprendre ouvre énormément de portes en plus d’être un avantage incroyable. Franchement je n’aurais pas eu cette facilité à trouver un travail, un logement ou même à intégrer Nagare sans parler couramment japonais. Les gens qui se retrouvent en face de moi comprennent immédiatement qu’ils n’auront aucun problème à communiquer et donc ne me traitent pas différemment qu’une citoyenne lambda. Si je parle de « maîtriser le japonais » c’est parce qu’à mon avis il ne suffit pas de « se contenter de ». Plus on est à l’aise et plus on s’intègre.

 
Je ne détiens pas la vérité, ce sont juste des pistes de ce qui a pu fonctionner pour moi. Peut-être que ça fonctionnera pour d’autres qui sait ? Je l’espère en tout cas. Je n’ai plus qu’un mot à dire : c’est à vous de jouer !

 
Chaque expérience est différente et je serais ravie de lire vos témoignages sur le sujet que vous soyez au Japon ou dans un autre pays. Vous sentez-vous intégré ?

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32 Comments

  1. J’a lu ton article avec interêt. Je ne vis pas au japon mais j’y ai fait plusieurs longs séjour. J’avoue ne pas avoir trop souffert de xénophobie ou alors je ne m’en suis pas rendue compte! 🙂 J’ai parfois constaté des regards insistants (à Kyushu justement, en campagne ) mais cela ne me gêne pas. Après tout c’est pareil en France quand on va dans un bled paumé. Tu parles de claquements de langue…. qu’est-ce qu’ils signifient?

  2. Très intéressant comme article.
    Connaître la langue du « pays d’accueil » est un sacré plus.
    Après, c’est comme partout, que ce soit dans une autre région ou un autre pays européen etc… Il faut avoir envie d’aller vers l’autre et de le comprendre (coutumes, langue etc…). Sans cela, je pense que l’intégration ne se fait pas ou difficilement.

    En tout cas, je te remercie d’avoir fait un petit tour par chez moi car j’ai découvert ton univers au Japon (le groupe de danse folklorique dont tu fais partie etc…) ^^

    Matane ! ♫

  3. Très intéressant. Tu parles de la langue, c’est un peu normal de bien la connaître si on décide de rester dans le pays. Ça va de soi. Les gens qui ne se donne pas la peine de l’apprendre, je crois qu’ils devraient tout simplement retourner d’où ils viennent. Ces personnes ne pourront jamais s’intégrer et ils auront un tas de difficultés dans différentes situations.

    Article super bien pour cette semaine 😉

  4. Je ne vois pas pourquoi il serait impossible de s’intégrer, comme tu dis, qui veut peut!
    Au fait, j’ai beaucoup pensé à toi et aux japonais du sud ouest avec ces pluies épouvantables, est ce que tout va bien du côté de Fukuoka?
    C’est terrible tous ces morts :'(

  5. Ton article me parle, pour ma petite expérience: je me suis expatrié en Allemagne par une proposition de boulot en septembre dernier -déjà 10mois ça passe vite – et ca juste après mon voyage au japon, c’est ce qui m’a décidé à sauter le pas et accepter cette opportunité. Et j’avoue que sans parler la langue, l’intégration est un peu compliqué, je n’avais jamais imaginer partir là bas, même en étant proche de la France on perd ses repères. Comme tu dis cela se fait naturellement, et je dirais que cela prend du temps aussi! Là dessus je ne suis pas très studieuse, je galère à apprendre la langue donc compliqué pour les démarches admin, comme de parler avec les voisins pour le moment, je fais un peu ermite! Pour ça, ton article me rebooste un peu,me permet d’avancer. Pour moi surtout ne pas se stresser, chacun réagit différemment et progresse selon son caractère et les aides,opportunités, et ça quelque soit le pays je pense. Enfin voila, c’était mon petit partage d’expérience.

  6. Bonjour Béné,
    Je suis votre vie au Japon. Je pense également que le meilleur moyen d intégration est de parler couramment la langue du pays et surtout de l aimer.
    Je voyage dans ce pays au travers de vos articles.
    Je pense venir visiter le Japon au printemps 2019 mais s il y a une période plus agréable pour s assurer un temps clément que me recommanderiez vous ?.
    Merci
    Françoise

  7. Bonne question que celle de l’intégration pour un expatrié ! Pour ma part, je viens de passer 7 ans au Texas et je suis en train de déménager pour le Portugal. Est-ce que je me suis intégrée au Texas ? Non, malheureusement…

    J’ai adoré vivre là-bas, j’ai suivi et respecté leurs fêtes et croyances, je me suis intéressée de près à leur histoire, j’ai visité autant que j’ai pu, je parle bien l’anglais, j’ai eu des collègues américaines que j’adorais mais je n’ai jamais réussi à m’y faire de vrai(e)s ami(e)s. Les américain(e)s sont de premier abord très sympathiques, mais quand on essaie de creuser un peu plus loin, on les perd. Il y a un aspect essentiel de leur vie que j’ai mis du temps à comprendre : l’aspect communautaire des « church ». Tout le monde va à l’église le dimanche matin, mais ça ne s’arrête pas là. Des tas d’activités sont organisées durant la semaine et la communauté religieuse devient une deuxième famille pour eux. Difficile, trèèès difficile de se faire des amis sans aller à l’église, tout au moins de ce que j’ai vu au Texas…

    Mon seul regret de ces 7 ans d’expat c’est de ne pas avoir réussi à m’intégrer complètement socialement. J’ai eu beaucoup de contacts, mais rien de vraiment profond. Je te félicite d’avoir su t’adapter à ce point, ce n’est vraiment pas si évident que ça !

  8. Article super ! À ajouter à ta liste : humilité et remise en question. Ici on ne dit pas on devine. Tu dois avoir ces qualités : patience, respect et passion. C’est tout aussi important que de parler parfaitement. Ce qui fait de toi une heureuse française ici. Bravo !

  9. Un bel exemple d’intégration! Pour ma part, je me suis parfaitement intégré à la France, en arrivant à 14 ans c’est assez facile j’avoue (mis à part le premier semestre au lycée où je ne comprenais rien!).
    Et maintenant je rêverais… de m’intégrer au Japon! Oui on n’a pas encore abandonné notre projet de nous y installer, Mr aimerait bien retourner dans son pays et moi, le découvrir autrement que pendant les vacances! J’espère que ça se précisera un peu plus cette année 🙂
    Merci pour cet article très motivant en tout cas!

  10. J’adhère décidément de plus en plus à ta mentalité car elle rejoint pleinement ce qui me définit. Je pense comme toi que pour s’intégrer il faut vraiment faire des efforts pour s’imprégner à la fois de la culture et aussi de la langue. Ensuite concernant le fait de se sentir mis à l’écart je pense que ça dépend de chacun. Si tu fais une fixette là dessus, forcément tu vas le ressentir.

    J’ai voyagé un mois dans tout le Japon et j’ai eu la joie de découvrir que les japonais sont loin d’être aussi coincés qu’on me le disait. J’ai eu l’opportunité de m’y faire deux amis avec qui je garde contact et que j’ai l’intention de retrouver lorsque je partirai y vivre dans 2 ans une fois le JLPT2 en poche. En attendant j’y retourne tous les ans pour me replonger un peu plus dans cette culture et j’me rend compte que tout ce qu’il faut, c’est partir avec un état d’esprit positif et optimiste. Peu importante notre nationalité, nous sommes tous humains et même si ça peut ne pas coller avec certains, ça collera certainement avec d’autres tant qu’on fait preuve d’ouverture d’esprit et de courtoisie.

    En attendant Béné, je prends vraiment plaisir à lire tous tes articles car même si tu te considère comme une personne normale, sache que tu es une bonne source d’inspiration. Pour ma part c’est ton parcours qui m’a donné la motivation nécessaire pour je l’espère mener à bien mon projet d’ici 2 ans car tout comme toi je n’ai qu’un BTS et je craignais que cela soit un frein. Une fois le JLPT2 en poche l’année prochaine, je pourrais démarrer la recherche d’un travail, d’autant plus que d’ici là j’aurai 8 années d’expérience à vendre en complément. Sachant que mon domaine de compétence ne s’apprend pas à l’école, je pense pouvoir apporter une plus-value à une entreprise japonaise.

    Bref, continues comme ça et je suis certain que ta vie sera pleine de bons et futurs souvenirs.

  11. Article plus qu’intéressant.
    Et comme toi je pense que pour s’intégrer au Japon (et dans n’importe quel pays d’ailleurs), maîtriser la langue est primordiale pour nouer des liens et vraiment communiquer. C’est vraiment la base.

  12. Je suis d’accord que parler la langue est essentiel ! J’ai discuté avec un mec qui se vantait de ne pas parler japonais après 8 ans sur place… Pffff… Personnellement je galère énormément à apprendre, j’ai peu l’occasion de parler et c’est un cercle vicieux. Du coup non je ne suis pas du tout integrée, et je voudrais pas être pessimiste mais je crois que je ne le serais jamais.
    Par contre j’ai déjà été confronté à des xenophobes, Et ce sans même que j’ouvre la bouche. Mais honnêtement je pense que les étrangers en France s’en prennent bien plus sur la tronche que nous français au Japon. C’est très marginal et j’imagine que dans une grande ville comme la mienne (Osaka) on tombe forcément sur des gens pas sympa, on peut pas plaire à tout le monde. Je pense que les expatriés qui se plaignent de ce fameux grand racisme au Japon se rendent vraiment pas compte que ce n’est rien comparé à chez nous, et ça leur fait certainement pas de mal de se mettre dans la peau des victimes un petit peu.

  13. Béné !! Ton article fait tellement de bien à lire. J’en ai marre de voir tous ces gens qui ralent du Japon jusqu’à dire qu’ils en ont marre et qu’ils veulent retourner dans leur pays (sachant qu’ils se plaignaient là-bas aussi… hum. Surtout que souvent, ces gens sont à Tokyo et ne bougent pas (surprise…)). Je suis (enfin) de retour au Japon depuis 3 mois, c’est peut-etre court, mais j’ai tellement de bonnes choses depuis que je suis revenue à Osaka comparé à ma vie monotone et pas du tout enrichissante créativement parlant à Bruxelles (je n’ai pas à me plaindre, mais y a pas photo, la Belgique et son style de vie n’est pas pour moi.). Je me sens également comme toi, pas de problème niveau intégration (amis, boulot (bientot!!), vie de tous les jours), bref je suis vraiment contente d’etre revenue. Je pense vraiment que c’est une question de mentalité. Les gens cherchent mieux mais il n’y a pas de « mieux », c’est partout pareil, juste différent, et ça nous correspond ou pas. Du coup ils sont trop sur la défensive dès qu’un truc ne va pas au lieu de relativiser. Des mauvaises choses, j’en ai eu énormément en Belgique, et j’en aurai énormément ici aussi. C’est ça la vie.

  14. Merci de partager ton expérience d’intégration. C’est un sujet très intéressant. De mon coté, j’ai passé plus de sept ans en Amérique du Nord, d’abord pour une année d’étude puis dans un contexte professionnel. Je parle anglais couramment et je pense que j’étais « intégrée » selon ta définition; je rejoins MissTexas sur l’aspect « intégration sociale ». J’ai trouvé difficile d’avoir des relations approfondies avec des américains. Les quelques personnes avec qui je reste en contact maintenant sont des gens qui voyagent beaucoup. C’est ce qui nous a réunis au départ, et cela fait aussi qu’il plus facile de garder le contact. Je ne décrirai pas cela comme « représentatif » de l’Amérique du Nord en général. Mais les villes où j’ai habité étaient un environnement où tout le monde venait d’ailleurs (même les nord-américains) et très peu de personnes restaient sur place; pas plus de quelques années en tout cas. Donc, c’est tout de même un peu représentatif de ces endroits là… Difficile d’en tirer des conclusions générales!

  15. Attention à ne pas confondre intégration et avec assimilation.

    Vu votre témoignage, vous sembliez intégrée – vous travailliez, aviez des amies, étiez indépendante, bref, vous aviez une vie active. Être assimilé, cela signifie devenir américaine (dans votre cas) et effacer une bonne partie de votre culture (et même plus) française. Et ça, quand ça arrive, ça prend plusieurs générations…

    Pour ma part, je vis au Canada depuis 10 ans et suis parfaitement intégré, mais je ne serai jamais assimilé. J’ai beau avoir la citoyenneté canadienne, je suis et resterai français de par ma culture, mes origines, ma façon de vivre, etc. J’ai adopté certaines habitudes nord-américaines, et c’est bien normal, mais je reste bel et bien français.

    De toute façon, le Canada n’est pas un pays où l’on assimile. C’est une mosaïque de peuples venant de partout et où le communautarisme prévaut. C’est un peu moins vrai aux États-Unis. Au Japon, je pense que l’on ne devient jamais réellement japonais ; on l’est ou on ne l’est pas, et c’est ça que j’aime là-bas. Maintenant, on peut très bien s’intégrer, comme l’est Béné.

    • C’est une réponse à misstexasblog ou Aisling n’est-ce pas ? J’ai mis un peu de temps à comprendre. Dommage que je ne puisse pas déplacer le commentaire.

    • Touchée oui mais beaucoup moins que Hiroshima ou Ehime par exemple. Ici les plus gros dégâts ont été l’an dernier par une salve de pluie de presque même envergure.

  16. Salut Béné. C’est beau de te voir ainsi épanouie et je te dis bravo! Bon, en ce qui me concerne, tout d’abord, je suis d’accord avec l’approche de Thierry. Après je pense que tu as bien de la chance de ne pas connaitre la xénophobie discrète mais objectivement bien présente au quotidien et de ne pas te faire regarder comme une chose avant d’être un être humain, que tu n’aies jamais entendu dire de toi « Kore »… Vraiment tant mieux, mais il ne faut pas fustiger les gens que cela touche, qui en souffrent et qui ont besoin de voir d’autres Français pour se retrouver culturellement et linguistiquement, surtout au bout d’un certain temps! Une culture et une langue, j’ai remarqué que c’était beaucoup plus profond qu’on ne le croit. Pour ce qui est de l’intégration matérielle, oui, je me suis fait ma place, je respecte les gens et m’intéresse aux coutumes et à la culture japonaise, sans cependant rejeter les miennes. Après, auprès des gens, je suis intégrée comme une Gaijine, mais jamais assimilée. Oui, je me suis fait ma place en tant que Gaijine, au plaisir de certains, à l’indifférence et au mécontentement d’autres. A trop essayer d’être Japonaise, comme beaucoup, j’avais l’impression de me travestir, de me perdre, quelque part un peu de mourir même… Intégrée en tant que Gaijine veut aussi dire apporter des choses ici, ce petit parfum d’ailleurs que beaucoup aiment trouver en moi, avec moi. Et, pour un meilleur équilibre, j’ai besoin de mon retour annuel en France, où vit aussi ma famille. Une chose encore, ce ne sont que des papiers, mais je tiens beaucoup à mon passeport français, que je n’échangerais pas contre un Japonais!, même si j’aime toujours beaucoup le Japon!

    • Thierry répondait en fait au commentaire de misstexasblog ou à Aisling, non à mon article.

      Mais sinon pour te répondre..
      – je ne fustige pas ceux qui ont de mauvaises expériences (peut-être que c’est la partie « « racisme » ou cette « xénophobie » » qui t’a fait penser ça ? C’est vrai que ça peut porter à confusion (j’ai d’ailleurs modifié pour que ça soit plus clair) mais c’est juste que je ne sais pas le mot approprié pour parler de ça). Je dis juste que je n’ai pas été dans ce cas et que je n’aiment pas ceux qui ne parlent expressément que de ça comme si ils voulaient faire le buzz et un peu comme les médias qui ne traitent que des produits bizarre qui font soi-disant fureur ici.

      – je pense que ce n’est pas la bonne solution de « jouer au japonais », que ça soit pour soi ou pour les autres. Si ça n’est pas naturel ça se voit de toute façon. Les choses qu’on s’approprie ou pas dépendent de la personnalité et de la mentalité de chacun donc on est tous différents sur ce point.

      – dans mon cas la question de la nationalité ne se pose pas : c’est hors de question.

  17. D’accord, je comprends 😉 C’est vrai que certains, complètement ethnocentristes, veulent faire le buzz et viennent même pour ça, et je pense là aussi à Amélie Nothomb qui, je trouve, ne fait surtout que renforcer et caricaturer les stéréotypes, avec un grand talent d’écrivain quand même, mais bon. En tout cas tu as bien de la chance de ne pas subir de xénophobie au quotidien. Parfois ça me pèse vraiment! J’ai régulièrement besoin de breaks par rapport à la société japonaise.

    • Je n’ai lu que Stupeur et Tremblements et ça m’avait bien fait peur au moment où je suis rentrée dans le monde du travail ici. Heureusement c’est vraiment différent.

  18. Merci Béné pour ton article, j’étais impatiente le lire.
    Ce dernier confirme mon ressenti : tu es intégrée. Je suis d’accord avec toi les 2 points essentiels : le vouloir et maîtriser la langue. Les suivants viennent naturellement par la suite !
    Ca fait du bien de lire ce genre d’article positif sur l’expatriation. Quand les choses se passent bien il faut le dire aussi !!
    Merci encore ; continues de profiter de ta vie dans ce beau pays et de le partager avec tes lecteurs 🙂

  19. Vous avez raison, j’ai eu du mal à faire la différence entre « intégration » et « assimilation ». En fait, ça m’a fait un choc lors de mon premier séjour en Amérique du nord lorsque j’ai compris comme vous le dites Thierry qu’il n’est pas possible d’être « assimilé ». Cette prise de conscience est passée par la langue, car mon objectif initial était naïvement de devenir une « vraie bilingue ». Sur le plan linguistique, la notion de bilinguisme est vraiment très complexe et ce n’est pas le débat ici. Néanmoins, moins mon ressenti personnel est que si j’ai réussi à avoir une compétence disons proche d’un locuteur natif en anglais, cela reste une seconde langue.
    La question de l’assimilation va aussi dans les deux sens je pense – certaines caractéristiques de la vie en Amérique étaient vraiment difficiles à accepter pour moi (même s’il y avait beaucoup d’aspects positifs qu’on ne retrouve pas forcément en France) et à « assimiler » sur le long terme. Il est intéressant de voir comment les réflexes culturels de chaque individu varient.

    Pour revenir sur le post de Béné, je pense aussi que la volonté de s’intéresser à la vie locale et de parler la langue sont deux éléments essentiels pour s’intégrer. Le communautarisme est en effet très présent aux Etats-Unis et au moins dans les grandes villes il est étonnamment facile pour un étranger de vivre au sein de sa communauté pendant des années et même des décennies sans avoir vraiment besoin de parler anglais et en s’abstrayant des coutumes locales.

  20. Oui, tout à fait. Je répondais à Aisling. Je pensais que les commentaires étaient imbriqués. Si pouviez ajouter cette fonctionnalité, ce serait bien. 🙂

  21. pour moi il est assez facile de m’intégrer dans n’importe quel pays, je m’adapte très bien et j’aime le contact avec la population locale. Mais ya un truc fun que j’ai remarqué (dans presque tous les pays) autant lorsque je fais mon jogging matinal et que je dis bonjours à chaque personne que je rencontre (des locaux) tous me répondent, SAUF les personnes d’origine étrangère comme moi. Pas un sourire, faisans mêmes mine de ne pas me voir ou de m’entendre.
    Vraiment étrange comme réaction de la part des expats. Je dirais qu’en moyenne, sur dix personnes il y en a que 2 seulement qui me réponde, et encore c’est juste une salutation, je ne leur ai pas tapé du fric lol.

    • Hum, je n’ai jamais rencontré ce genre de situation car au Japon on ne salue pas les gens comme ça (sauf en randonnée et dans les petits villages) et même en France il ne me serait pas venu à l’esprit de saluer des inconnus.
      Pour ma part ce sont surtout les étrangers qui me dévisagent, je n’ai jamais trop compris pourquoi.

  22. 100% du même avis que toi !
    Ca ne me fait pas peur de faire mes paperasses, entrer dans les izakayas, voyager seule.
    Et que crois que c’est éssentiellement lié à une seule chose, dont découle tout le reste : La maitrise de la langue.

    Tu en parles tres bien.
    A partir du moment où les gens comprennent que tu as fait l’effort de t’adapter, ils te considèrent directement comme faisant partie de la société.
    Le étrangers non intégrés se pleignent sans cesse, mais en réalité, ce phénomène est loin d’être propre au Japon : c’est la cas dans nimporte quel pays !
    Encore plus en France peut être.

    Car au Japon, il n’est pas beaucoup question d’animosité, plus de curiosité et de décpetion de ne pas pouvoir communiquer. Il suffit de montrer à un Japonais que l’on peut discuter avec lui pour lancer un flos de questions inintérompu.
    Mais c’est sûr que cela demande un peu plus d’effort que d’apprendre l’anglais…

  23. Bonjour,

    J’ai découvert votre site il y a quelques temps déjà, mais étant assez timide de nature, je n’avais jamais osé laisser de commentaires.
    Je me lance suite à cet article!
    Le message est au final très simple: merci pour vos écrits, vos conseils, et surtout pour cet optimisme dont on a franchement besoin par moment, car à force d’entendre partout autour de moi qu’il est impossible de s’intégrer au Japon (encore plus pour une personne de couleur), je commençais à être quelque peu découragée et à me dire que j’avais peut-être tort, finalement…
    Mais je suis rassurée par ce que je viens de lire, notamment deux points avec lesquels je suis tout à fait d’accord:

    -maîtriser (pas juste apprendre) la langue est essentiel.
    -on entend plus souvent parler des trains qui arrivent en retard, que de ceux qui arrivent à l’heure.

    Je repars donc poursuivre mon apprentissage de la langue japonaise, et viser le JLPT N2, afin de pouvoir mieux communiquer lors de mon prochain séjour au Japon, où j’avais déjà réussi à parler avec quelques japonaises adorables. Comme quoi, dès qu’on commence à pouvoir ne serait-ce que tenir de courtes conversations, le lien se crée!

    Bon courage pour vos futurs articles, et au plaisir de vous lire!