Omiyamairi, le baptême shinto japonais

Omiyamairi, le baptême shinto japonais

Après o-shichiya, omiyamairi est la deuxième célébration qui attend les bébés japonais. Sorte de baptême japonais, il permet d’annoncer aux dieux shintoïstes la venue au monde d’un bébé. Nous nous sommes pliés avec plaisir à cette tradition qui nous a permis de passer un beau moment en famille.

Omiyamairi, le baptême japonais
Notre famille lors de l'omiyamairi de Sei

Histoire et définition d'omiyamairi

Omiyamairi (お宮参り)  ou hatsu miyamairi (初宮参り) est la première visite au sanctuaire d’un bébé. On remercie les dieux pour la naissance et on prie pour sa bonne santé et sa croissance à travers des rites shintoïstes qui peuvent s’apparenter au baptême chrétien. 

Histoire et origines

Historiquement la naissance a toujours été célébrée au Japon, notamment par des rites (repas, danses, prières) appelés « ubusuna mairi (産土詣) ».
L’origine d’o-miyamairi tel qu’on le célèbre aujourd’hui remonterait à l’ère Muromachi (1336 – 1573). Les rituels de l’époque servaient non seulement à présenter le bébé aux dieux et à le considérer comme un nouveau paroissien mais aussi à purifier le nouveau-né et sa maman. En effet, dans le passé la naissance était considérée comme étant quelque chose de sale à cause du sang. On considérait ce dernier comme tabou et incompatible avec la religion shintô : vous avez déjà sûrement entendu parler des endroits inaccessibles aux femmes à cause de leurs règles (le mont Fuji dans le passé ou l’île Okinoshima, encore interdites aux femmes de nos jours).
Bref, o-miyamairi servait à laver cette « saleté » et on le faisait 1 mois après la naissance pour coïncider avec la fin d’une période appelée « tokoage (床上げ) » où les mamans devaient rester allongées et s’occuper exclusivement d’elles et de leur bébé.
D’ailleurs, la nouvelle mère ne pouvait pas porter son bébé pour cela. Cette tâche était confiée à la grand-mère paternelle et cette tradition subsiste encore de nos jours.

Comment célébrer omiyamairi

Omiyamairi d'un bébé franco-japonais, Fukuoka

Omiyamiairi est célébré par la famille proche : bébé, ses parents et les grands-parents sont invités.

traditionnellement environ 1 mois après la naissance, au 31ème jour de vie pour les garçons et au 33ème pour les filles, le jour de la naissance comptant comme jour 0. Depuis quelques années cependant les nouveaux parents japonais le célèbre entre la fin du 1er mois et les 100 jours de bébé.
S’il y a une chose qui ne change pas  cependant c’est le choix du jour. On choisit souvent un jour chanceux du calendrier japonais (il y a en a environ 1 par semaine), si possible quand il fait beau. Au niveau des horaires c’est libre mais on peut respecter la traditions qui disent qu’il faut faire omiyamairi vers 9h du matin en été et vers 10h l’hiver.

La tenue de bébé

Vêtements et accessoires pour bébé lors de l'omiyamairi

En cette grande occasion, toute la famille se met sur son 31 mais le bébé est particulièrement apprêté.
On commence à lui mettre sa tenue de sortie de maternité (une robe blanche à dentelle), un pyjama blanc, un kimono pour bébé ou une tenue où il sera bien.

Ensuite viennent se greffer tout une série d’accessoires : 
– un bonnet blanc à dentelle (daikoku zukin, 大黒頭巾);
– un bavoir blanc brodé (yodarekake, よだれかけ);
– un kimono spécial (ubugi, 産着), qu’on enveloppe autour du bébé et qu’on noue dans le dos de la personne qui le porte.

Les ubugi pour les garçons
Ubugi pour garçon

Les couleurs :
Noir et tous les tons de bleu, blanc, gris.

Les motifs :

etc.

Les ubugi pour les filles
Ubugi pour fille

Les couleurs :
Rouge, rose, jaune pâle, blanc.

Les motifs :

etc.

On accroche dans les pans du kimono deux accessoires : un éventail dans une enveloppe ( himo-sen, ) et un porte-bonheur (omamori-bukuro).

On peut acheter toutes ces choses mais cela coûte assez cher alors on peut aussi les louer. C’est d’ailleurs ce qu’on a fait.

L'omiyamairi de Sei

Omiyamairi d'un bébé franco-japonais, Fukuoka

J’avais imaginé faire un omiyamairi le 31ème jour de Sei mais avec le covid nous avons décidé d’attendre quelques semaines supplémentaires par prudence. Nous nous sommes décidés pour un dimanche de la fin du mois de novembre, un jour chanceux dans le calendrier japonais. Les dieux étaient avec nous puisque après quelques jours de pluie la météo s’était enfin calmée durant la nuit.

J’ai enfilé à Sei un petit kimono acheté exprès pour l’occasion, Kiyo et mois nous sommes mis sur notre 31 puis ses parents sont venus nous chercher pour que nous allions tous ensemble au sanctuaire.
Le lieu de la fête ? Le sanctuaire Kushida bien sûr. C’est le sanctuaire protecteur de notre famille depuis notre mariage et je ne nous voyais absolument pas aller ailleurs. 
Une fois sur place nous avons été au bureau du sanctuaire pour leur faire part de notre souhait de faire o-miyamairi (la réservation n’est pas obligatoire au Kushida-jinja). Nous avons remis une enveloppe contenant 5000 yens appelée « go-hatsuhoryo (御初穂料) » servant à payer la cérémonie puis on nous a guidés dans une petite pièce attenante à l’autel. J’ai préparé Sei en lui mettant son bavoir et son petit bonnet puis ma belle-mère s’est chargée d’envelopper l’ubugi autour de Sei et moi. Nous avons ensuite attendu que les prêtresses viennent nous chercher. Avec nous il y avait une autre famille pour un o-miyamairi et une autre pour Shichi-Go-San.

Go-hatsuhoryo
Go-hatsuhoryo
Bébé pour la cérémonie d'omiyamairi
Sei dans son petit kimono

La cérémonie, qui dure environ 10 minutes, consistait globalement en une série de prières et de psaumes déclamés par le prêtre. Ils parlent un langage particulier, tout ce que j’ai réussi à saisir est le nom de Sei, sa date de naissance, nos noms et notre adresse. Tout comme pour notre mariage, nous avons dû déposer des branches de cleyera japonais sur l’autel puis Sei a été installé dans un petit berceau pendant que le prêtre agitait un objet sacré (un manche avec des sortes de grelots, j’ignore le nom) au-dessus de lui. Notre héros du jour a dormi la moitié de la cérémonie.

À la fin de la cérémonie, une prêtresse nous a remis quelques cadeaux pour Sei :

Amulette du sanctuaire Kushida, cadeau pour omiyamairi
1/ Une amulette

Sa première amulette et quelle amulette ! Celles du sanctuaire Kushida sont vraiment jolies, avec le blason du sanctuaire et le motif représentant le festival Yamakasa.

Certificat d'appartenance au sanctuaire
2/ Un certificat d'appartenance au sanctuaire

Après son omiyamairi, Sei est considéré comme un paroissien du sanctuaire Kushida. On lui a donc remis une plaquette sacrée qui sert de certificat. Son but est purement symbolique et décoratif.
Au dos il y est inscrit son nom, nos noms et le lieu de sa naissance.

Chamallow Tsuru no ko, cadeau pour omiyamairi
3/ Une boîte de chamallows "Tsuru no ko"

Ces chamallows sont des confiseries typiques de Fukuoka et très appréciés des habitants de la ville. C’est Kiyo qui les a englouties le soir.

Bouteille de saké, cadeau pour omiyamairi
4/ Une bouteille de saké

De la cuvée du sanctuaire s’il vous plaît ! Nous avons gardé la bouteille dans une boîte comme souvenir, afin de lui remettre quand il sera adulte.

Nous avons terminé par quelques photos de famille prises par un ami (merci !) puis nous sommes retournés chez les parents de Kiyo pour continuer la fête avec une autre célébration traditionnelle japonaise. Mais ça, ça sera l’objet d’un autre article.

Famille franco-japonaise, Fukuoka
Omiyamairi d'un bébé franco-japonais, Fukuoka
Omiyamairi d'un bébé franco-japonais, Fukuoka

Pour aller plus loin

Deux articles de mamans française au Japon qui ont réalisé l’omiyamairi de leur enfant franco-japonais.

Plongée dans me champ des némophiles au parc Uminaka
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Coucher de soleil aux rizières en terrasse de Doya, île de Fukushima, Nagasaki

13 Comments

  1. Superbe article et photos ! C’est vraiment une très belle tradition, j’aurai aimé le faire pour Yûji aussi.
    C’est vraiment une bonne idée la bouteille de saké que vous gardez pour lui remettre plus tard, c’est un très beau geste très symbolique !

    D’ailleurs HS… c’est la première fois que je visite ton blog sur PC (d’habitude sur mon smartphone).. ça rend hyper bien, c’est beaucoup plus beau et agréable à lire ! j’adore !

  2. Super intéressant ! Merci pour tes ces articles qui font découvrir le Japon du quotidien

  3. Encore un très bel article, très intéressant, avec de jolies photos et un petit Sei tellement mignon dans ses habits traditionnels

  4. C’est super intéressant les traditions. Et franchement le ubugi est juste magnifique ! Ce bleu que j’aime tant ! Les photos ou vous êtes les 2 entrain de regarder Sei est tellement adorable. Merci pour ce partage.

  5. Très bel article 🙂 Le sanctuaire Kushida est aussi celui que j’ai préféré à Fukuoka, je comprends ton attachement. Le motif de l’ubugi est superbe, merci pour la découverte de cette tradition japonaise que je ne connaissais pas du tout. Je souhaite à Sei plein de chance et de bonheur dans la vie 🙂