Education bilingue : je n’arrive pas à parler français à mon enfant !

Education bilingue : je n’arrive pas à parler français à mon enfant !

Comment éduquer un enfant bilingue quand on n’est pas à l’aise avec sa langue maternelle. Cela vous semble étrange ? C’est pourtant mon cas. Retour sur nos premiers mois d’éducation bilingue.

Ce que nous avions prévu & les premiers mois

Je n’ai pas le souvenir d’avoir réellement abordé le sujet des langues avec Kiyo. J’ai lu pas mal de blogs au sujet du bilinguisme chez l’enfant et je pense que le système « un parent = une langue » était une évidence pour nous. J’avais néanmoins quelques hésitations et appréhensions : Kiyo ne comprends pas un mot de français et nous communiquons exclusivement en japonais. Ça me gênait beaucoup de savoir qu’il ne comprendrait pas ce que je dirais en français à notre enfant et traduire chaque mot prononcé me semblait être un vrai fardeau. 
Et puis j’ai été en menace d’accouchement prématuré. Hospitalisée très tôt, j’avais autre chose à penser que la langue que j’allais parler à mon bébé. J’ai accouché deux semaines après ma sortie et le tourbillon du « kosodate » (élever son enfant) a commencé.

Kiyo ayant été présent les premiers jours et étant encore concentrée sur tout ce que j’avais appris à la maternité, c’est naturellement que je me suis mise à parler à Sei en japonais. Cela a continué après que mon mari ai repris le travail.  Les deux premiers mois je ne parlais à Sei qu’en japonais. À partir du 3ème mois j’ai essayé d’introduire le français quand j’étais seule avec bébé : à l’époque je dirais que c’était 90% de japonais et 10% de français. Cela a continué quelque temps, sans que j’arrive à augmenter concrètement la proportion de français dans notre quotidien. Je devais me forcer pour le parler et je ne trouvais pas ça naturel. Bizarre et un peu embarrassant quand il s’agit de sa langue maternelle.

Les raisons

Depuis que j’habite au Japon je ne parle que japonais, d’abord pour prioriser l’apprentissage et ensuite parce que je n’ai pas d’occasions de parler ma langue maternelle ici. Le français est une langue que j’utilise uniquement lorsque mes parents viennent me voir, environ une fois par an. Les occasions de le parler sont par conséquent rares (je l’utilise aussi sur internet mais c’est juste à l’écrit donc pas tout à fait pareil).

Au fil des années le japonais s’est ancré profondément en moi au point qu’il est devenu aussi naturel que le français. Alors quand je dois switcher il m’arrive souvent de chercher mes mots, d’insérer du japonais dans mes phrases, de balbutier et d’avoir un énorme mal de tête en fin de journée (ce qui était le cas quand je débutais l’apprentissage du japonais, drôle d’inversement de situation). En plus, ayant baigné dans un environnement japonais que ce soit à l’hôpital ou à la maternité, je suis largement plus à l’aise avec le vocabulaire de grossesse et de bébé dans cette langue.

Je sais que ça peut paraître exagéré ou même mensonger mais c’est pourtant véridique.

Bébé franco-japonais
Maman française au Japon et bébé franco-japonais

Comment ça se passe aujourd'hui (mai 2021)

Pendant la série de jours fériés appelée Golden Week, nous avons re-regardé pas mal de vidéos d’une chaîne Youtube appelée « Futari Papa » qui relate le quotidien d’une famille suédo-japonaise vivant en Suède. Le papa japonais du petit garçon lui parle dans sa langue avec quelques mots de suédois mais le petit a un plutôt mauvais niveau de japonais : il cherche ses mots et a un accent à couper au couteau. Ça a été un déclic.
J’ai réalisé que je n’avais pas envie que mon enfant devienne comme ce petit garçon et que par conséquent je devais faire des efforts. De plus, depuis que Sei va à la crèche je ne suis pratiquement plus seule avec lui et  la proportion de français à la maison a encore plus diminué. 

Alors désormais je m’efforce de lui parle français autant que je peux. Quand Kiyo est là je répète  en japonais ce que je viens de dire pour ne pas qu’il se sente exclu ce qui est, comme je le pensais, plutôt contraignant. Ça ne fait encore quelques semaines qu’on a commencé et Sei est encore un peu petit pour qu’on sache ce qu’il comprend réellement mais il est réactif à des mots simples comme « non » et « dodo ». On lit des livres en français et il écoute Petit Ours Brun, Babar ainsi que des chansons et comptines pour enfant en français.

En ce qui me concerne j’ai encore plein d’automatismes et de mots qui me viennent directement en japonais. Il n’est pas rare que je parle japonais à Sei dans la continuité d’une conversation pour après me dire « zut, j’ai pas parlé français ».
À voir comment ça évolue les prochains mois.

Un peu de vocabulaire

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49 Comments

  1. Voilà un post particulièrement intéressant! Je vous comprend pour être dans le même cas, sauf que j’essayais de parler en français à ma fille aînée dès sa naissance. Elle a aujourd’hui bientôt 4 ans et parle essentiellement le japonais étant donné que c’est la langue majoritaire à la maison et en dehors. Au départ moi aussi j’avais du mal à lui parler en français quand son père était présent, pareil avec mes beaux-parents ou à la crèche. J’hésitais à les “exclure” de nos conversations. Quand je me suis rendue compte que ma fille ne parlait quasiment jamais français et ne savait absolument pas prononcer les R ça m’a affolée et j’ai commencé à être plus offensive dans l’usage du français. Maintenant ça m’est complètement égal que notre entourage ne comprenne pas ce que je lui dit : après tout je ne vais pas arrêter d’être française! Je ne traduis pas non plus à moins qu’on me le demande. Sa sœur qui a 15 mois a beaucoup plus baigné dans le français dès sa naissance (elle est entrée en crèche plus tard également) et j’ai bon espoir qu’elle ait moins de difficultés d’apprentissage. Néanmoins mieux vaut ne pas trop se mettre la pression sinon votre enfant appréciera peu l’apprentissage de sa deuxième langue maternelle.

    • Tu es très courageuse. J’ai vraiment du mal avec l’idée de parler français en milieu japonais (= en présence de personnes non francophones). et je ne pense pas réussir à franchir le cap un jour. J’ai besoin de parler dans la langue que les gens autour de moi comprennent. C’est aussi le cas en France lorsque j’étais dans des restaurants ou des magasins japonais : impossible de parler japonais, j’utilisais uniquement le français.
      J’ai aussi un peu peur de ça : qu’il comprenne que je me force et qu’il rejette le français. C’est un bon équilibre à trouver.

  2. Très intéressant!
    Effectivement c’est un sacré dilemme, quelle langue privilégier!
    Mais c’est aussi un beau cadeau « d’héritage » à faire à son enfant des deux côté d’ailleurs, et un sacré coup de pouce pour plus tard dans le travail peut être de maîtriser plusieurs langues!

    • Il ne s’agit pas de choisir une ou l’autre. Il s’agit d’être « fonctionnel » dans les deux familles, dans deux mondes .
      Aussi, le mari devrait faire un effort pour apprendre la langue.
      Même pour les personnes bilingues, ça exige un léger effort de passer d’une langue à une autre. Plus tard, l’enfant pensera que c’est toujours à lui de faire un effort pour communiquer avec les autres.

  3. Continuez à lui parler en français. Je connais 2 familles mixtes. Franco russe et franco danoise. Le parent français parlait à son enfant en français n. Meme si le petit faisait mine de ne pas vouloir parler français. Une fois ado ils ont parlé très vitre et très aisément le français. Ils sont bilingues et même plus, car ils apprennent très aisément d’autre langues. Alors courage, ça en vaut la peine.

  4. On peut parler régulièrement à des connaissances de langue française par face time et regarder des documentaires pour enfants sur utube, TV française, chansons etc..
    Créativité +++

  5. Je crois qu’on en avait déjà parlé mais je suis dans la même situation.
    Je me force et j’use de petits stratagèmes.

    Par exemple si je parle en japonais un peu trop souvent au quotidien, j’essaie de faire des jeux en français, jouer à la marchande, des puzzles, regarder des imagiers ensemble, avoir un support m’aide beaucoup à introduire ma langue plus naturellement 🙂

    Aussi j’essaie de lui lire que des livres en français et de faire Skype avec ma famille en France tous les week-ends !

    Malgré cela, elle parle quand même beaucoup plus japonais que français, et je ne suis pas prof non plus…
    Avec mon mari nous pensons donc à l’inscrire à des Juku de français vers 3-4 ans, jusqu’à la 頑張るしかない。

  6. Bonjour Bene

    Alors je comprend énormément tes difficultés à parler français à ton fils, et pour autant au début je trouvait ça dur mais finalement, en réfléchissant, j’imaginais pas voir mon fils ne pas pouvoir parler ma langue quand on irait en France ou qu’on verrait notre famille.

    Du coup je lui parle français quand on est ensemble, je lui lis des histoires en français et lui passe ses dessins animés en français aussi

    Et quand papa est là alors je traduis, mon mari prend des mots et mon fils est déjà à un équivalent de moitié de mots français et moitié japonais pour l’instant

    On verra avec le temps mais j’espère qu’il gardera le français précieusement en lui pour quand on verra la famille etc

    • Merci de ton témoignage. On passe aussi beaucoup de comptines, chansons et dessins animés (en fond sonore) en français et ses histoires avant de dormir sont aussi en français (vive Petit Ours Brun !). On verra comment il progresse et j’adapterai la quantité de français au fur et à mesure.

  7. Je n’ai jamais posté sur ton blog mais je trouve que c’est une problématique très intéressante ! Le bilinguisme chez l’enfant…

    Ma mère est espagnole mais ne m’a jamais parlé espagnol, je n’ai appris cette langue que bien plus tard (collège) et c’est un peu désolant en tant qu’enfant de ne pas pouvoir s’exprimer avec ses grands-parents dans leur langue de prédilection. Et de ne pas se faire comprendre quand on a appris un peu. Ce n’est pas la même chose ce qu’on apprend à l’école VS ce qu’on apprend à la maison. Le fait de ne pas avoir appris l’espagnol plus tôt est quelque chose que je regretterais, je pense, toute ma vie :’) C’est pourquoi il me semble être une bonne chose que de parler dans sa langue maternelle à son enfant, au moins pour lui-même, afin qu’il n’ait pas ce vide culturel qui lui paraisse impossible à franchir en grandissant. Je le dis pas en mode « HHAAaaannnNnnN comment oses tu ne pas parler français avec ton enfant?!!! trauma à venir  » mais plutôt dans l’optique que le problème de l’identité est une vraie problématique chez les enfants nés de bicultures, notamment en grandissant (trop ou pas assez telle culture ou telle culture, dépendant de l’enfant et des différences culturelles entre les deux parents).

    De plus, avec des langues aussi différentes pour Sei (japonais français) je suis sûre que ce sera un gros plus pour lui à l’avenir également !! Il aura aussi plus de facilités à apprendre d’autres langues. Mais considérant ta situation, il est tout à fait normal que tu aies du mal à parler français, surtout que tu t’es très, très bien intégrée au Japon donc je pense qu’il est aussi important pour toi-même de te ménager sur le fait que tu ne lui parles « pas assez ». Ça viendra avec le temps, et je pense qu’à force, même Kiyo finira par connaître quelque mot Puis comme quelqu’un le suggérait dans les autres commentaires, tu peux toujours faire des sessions « françaises » en disant ok là on joue en français seulement et voilà. L’important à retenir, selon moi, est qu’à chacun sa parentalité et ta façon n’est pas moins bonne qu’une autre!! Je ne suis pas mère non plus donc je ne sais pas trop si ce commentaire t’apporteras quoique ce soit, en tout cas vous semblez être une super famille, aimante et bienveillante et c’est tout ce qui compte pour le petit Sei

    • Merci de ton témoignage, c’est très intéressant.
      Pour le moment on lit des histoires en français et on chante des comptines en français en plus de certaines choses que je dis dans cette langue. Apr!s je laisse faire les choses puis j’adapterais en fonction de ses progrès et de son évolution.

  8. Oh, comme je te comprends, j’ai eu la même problématique avec mes enfants franco italien. Étant en immersion depuis 10 ans en Italie à la naissance du deuxième, et je lui ai beaucoup moins parlé français et souvent italien. Résultat par rapport à l’aîné, mon deuxième parlait très mal italien est très mal français… l’aîné lui parle parfaitement italien et parfaitement français. Du coup vraiment tu fais le bon choix de lui parler français même quand ton mari est là. Ton mari peut peut-être aussi du coup apprendre le français ? Ça serait aussi une chouette ouverture pour lui et un bon moyen de connaître un peu plus ta culture.
    Mais ne te mets pas trop la pression, rien est dramatique mes deux enfants après notre déménagement en Suisse parlent parfaitement le français après quelques années d’immersion et à leur retour en Italie pour des vacances ils se débrouillent très bien. De toute façon les enfants bilingues et de parents de différents pays sont toujours des enfants un peu «spéciaux » normal ils ont une double culture qui passe aussi par la langue, c’est une énorme richesse !
    Donne nous des nouvelles et tiens bon !

    • Kiyo n’est pas demandeur d’apprendre le français. Il connais les salutations de base « bonjour, je m’appelle xxx » et il chante en yaourt des comptines en français (une souris verte en yaourt c’est hilarant haha) mais pas plus. Je n’ai pas envie de le forcer car on n’arrive à rien de bon quand on fore quelqu’un (j’en ai fait l’expérience avec l’espagnol au collège).

      Merci de ton témoignage. Comment a évolué les capacités de ton petit deuxième ?

  9. La langue maternelle de ma mère est le russe mais petite elle me parlait surtout en français : après tout nous habitions en France.
    Sauf que c’est un vrai regret aujourd’hui, pour elle comme pour moi. J’aurais adoré être bilingue, car c’est toujours une belle opportunité, et elle regrette d’avoir accentué la « séparation » avec sa famille car je n’ai jamais vraiment pu communiquer correctement avec eux, notamment ma grand-mère.

    En tant que parent on fait surtout comme on peut, mais ce serait dommage je trouve que Sei ne profite pas de l’héritage et de la langue que tu peux lui apporter. Il aura toujours l’occasion de parfaitement maîtriser le japonais, mais ce sera un plus pour lui d’avoir le français en plus.

    Bon courage en tout cas ! Quoi que tu fasses tu le fais pour lui et avec beaucoup d’amour donc il n’en sera pas malheureux 🙂

  10. Coucou ! Exactement même situation ici, mais inversée. Mon mari est japonais mais il vit en Suisse depuis longtemps donc il n’utilise quasi que le français. Surtout avec moi, qui ne parle pas un mot de japonais.

    Eh bien nos enfants ne parlent pas un seul mot de japonais, malgré mes efforts alors que ce n’est pas ma culture.. (je les ai emmenés chaque mercredi à une ecole/play classe de japonais). Mais rien à faire.

    J’espère que leur père aura un déclic et parlera plus japonais à nos enfants… Idem pour ma belle mère. Elle vit près de chez nous, mais utilise le français pour ne pas m’exclure je pense. Quel dommage

    Après on relativise en se disant qu’ils auront des facilités pour apprendre le japonais quand ils le voudront (car ils en entendent quand même un peu). Mon mari a appris le français à 6 ans passé et il parle sans accent. C’est faisable.

  11. Je ne trouve pas du tout ça exagéré que tu sois plus à l’aise en japonais, surtout dans les champs lexicaux du bébé comme tu l’expliques ! Au contraire, c’est fréquent que, quand on est dans un autre pays et qu’on y baigne, à force de ne pas parler sa langue maternelle, on la perd.

    Mais en tout cas, je trouve ça super que tu puisses lui parler français, même s’il y a encore des « loupés ». C’est normal que tu ne puisses pas être à 100% français avec Sei dès le début puisque tu n’as plus l’habitude de parler français, donc c’est une habitude à prendre, qui va venir avec le temps, je ne me fais pas de soucis là-dessus ! 🙂

    Est-ce que tu sais pourquoi l’expression « être bilingue » se construit avec « bilingual » et pas « nika kokugo » ?

  12. Bonjour Bene,
    Ce n’est pas facile de changer ses habitudes linguistiques!! J’ai décidé de parler en anglais avec mon fils dès sa naissance, ce qui s’est fait facilement car nous étions dans un pays anglophone. De retour en France, j’ai continué à lui parler principalement en anglais malgré l’étonnement voire la désapprobation de certaines personnes de notre entourage. J’ai été un peu sans pitié de ce coté là, car il était important pour moi d’utiliser l’anglais. J’essaye dans la mesure du possible de reformuler ce que je lui dis en français en présence de personnes non anglophones pour ne pas les exclure. J’ai réussi à maintenir cette habitude sur la durée car finalement l’anglais (qui n’est pas ma langue maternelle) me vient très facilement, mais dans un contexte francophone, il est inévitable d’utiliser aussi le français. Cependant, nous arrivons à appliquer assez bien la règle de lire ou regarder des films dans la langue d’origine – par exemple, Astérix en français et Peppa Pig en anglais… 9 ans plus tard, les personnes désapprobatrices se sont habituées et si mon fils ne s’exprime pas spontanément en anglais il le comprend très bien et s’en sort à l’école dans les premiers cours 🙂 Un élément marquant concernant l’expression est le fait que toutes les personnes anglophones que nous cotoyons régulièrement parlent ou au moins comprennent le français – du coup si la personne parle en anglais et mon fils en français, le dialogue fonctionne 🙂
    J’espère que tu trouveras aussi un mode d’échange bilingue qui convienne à toute ta famille. C’est déjà formidable de lui parler un peu en français, et que Kiyo te soutienne dans cette démarche.
    Bon courage!

    • Merci pour ton témoignage.J’admire le fait que tu ai réussi à continuer l’anglais en présence de personnes non anglophones. J’ai vraiment du mal avec ça et je ne pense pas réussir à franchir le cap un jour. J’ai besoin de parler dans la langue que les gens autour de moi comprennent. C’est aussi le cas en France lorsque j’étais dans des restaurants ou des magasins japonais : impossible de parler japonais, j’utilisais uniquement le français.

  13. De nombreux exemples dans la famille ou les relations…. la mère parle dans sa langue et le père dans la sienne. Et ça se passe très bien et donne des enfants à l’aise dans les 2 langues. C’est un atout pour l’avenir des enfants de posséder 2 langues. Un couple néozélandais/français de nos connaissances vivant en France ne l’a pas fait il y a une trentaine d’années… leurs enfants leur ont fait le reproche car ils parlent l’anglais avec un accent …et vivent en Angleterre (un est avocat au Barreau de Londres…).

  14. Bonjour Bene!

    alors je ne suis pas mère mais je suis à la place de ton fils, je suis franco-néerlandaise et ai toujours vécu en France. Ma mère me parlait en néerlandais de 0 à 2ans. Puis, voyant que je mélangeais joyeusement les deux langues dans une même phrase, elle a cessé de me parler en néerlandais pour que mon père puisse me comprendre et que je ne soit pas exclue à l’école.

    Alors, soit, aujourd’hui je parle très très bien français et j’ai appris l’anglais avec une facilité déconcertante (le néerlandais étant un mélange d’anglais et d’allemand) mais… je ne parle pas un mot de néerlandais… du coup à chaque visite aux Pays-Bas ou visite de ma famille, je me retrouve exclue en bout de table à attendre que le temps passe. car si les adultes font l’effort depuis toujours de parler avec mon père en anglais, les enfants non et du coup je n’ai pas de lien avec ma famille, ils ne m’appellent jamais, et ne viennent jamais me voir. Mon conjoint ne les a même jamais rencontrés alors que nous sommes ensemble depuis 14ans… et franchement je le regrette! D’autant plus que ma famille française ne m’apprécie pas! du coup, c’est comme si je n’avais plus de famille!! heureusement j’ai une belle famille en or massif!

    D’un autre côté je comprend ton appréhension et tes difficulté, il m’arrive souvent, quand je suis énervée contre mes élèves de chercher mes mots en français et ils me viennent soit en anglais soit je bute sur leur prononciation en français comme si j’avais un accent néerlandais! Et c’est pire dans les périodes où je travaille ou regarde la tv en anglais! alors là direct je me met à penser en anglais et je dois me forcer à switcher en français! Le comble!

    Après, comme chez toi mon père ne parle pas néerlandais, mais ma mère s’est toujours exprimée en néerlandais sans crainte! C’est aussi à lui de faire un effort et quand il veut vraiment comprendre, il demande, c’est tout! Le reste du temps, elle ne traduit pas. Moi, en règle général je comprend approximativement et je suis capable de prononcer les sons bizarre de cette langue sans accent, c’est… facile… instinctif…

    Tout ça pour dire, ne te force pas, mais si tu arrives à parler en français à Sei alors vous aurez tout gagner tous les deux! Et discute avec ton homme pour savoir s’il est réellement nécessaire que tu traduises tout car il est possible qu’il comprenne rapidement les choses simples et que pour les compliquées ça ne le dérangeras pas de te demander de traduire! ça t’évitera de t’épuiser à tout traduire!

    Bon courage et pleins de bisous sur les belles joues rebondies que l’on devine sur Sei.

    • Merci de ton témoignage.
      Le mélange des langues est une étape par laquelle tous les enfants bilingues passent, c’est dommage en effet que ta maman ai arrêté, surtout que ça passe avant l’entrée en primaire (vers 3 ans d’après e que j’ai lu ici et là). Je comprends tout à fait le sentiment d’être exclue car ce fut aussi mon cas, pas pour les langues mais par rapport à mon âge (mes cousins avaient soit 20 ans de plus, soit étaient des bébés / jeunes enfants, je n’avais personne à qui parler).

      En ce qui concerne Kiyo ce n’est pas une demande de sa part que je traduise tout. En fait il se fiche de ne pas comprendre, il me le répète souvent. C’est moi qui n’aime pas qu’il ne comprenne pas comme je n’aimerais pas être exclue dans le sens inverse.

  15. Nous c’est plutôt le contraire ! Couple franco japonais vivant en France… Mon mari parle très bien français…et il parle aussi français avec le p’tit du coup ! Je le harcèle pour parler un peu japonais aussi mais c’est difficile… Toujours le français qui sort ! …il dit qu’il parlera en japonais au Japon (j’en doute fort xD) … Donc bon… On fait des efforts mais c’est pas simple ! J’aimerai pourtant tellement qu’il devienne bilingue….. AffaireS à suivre…!! Courage ! .. j’adore cet article !

  16. Bonjour Béné,
    J’arrive comme la grêle après les vendanges, mais je vais enfoncer le clou!
    J’ai grandi bilingue français espagnol. Et j’ai appris d’autres langues après, mais on sent qu’on ne « fonctionne » pas pareil dans une langue apprise dès la petite enfance, et une langue apprise de manière plus scolaire. D’ailleurs des études ont montré que l’on ne fait pas appel aux mêmes aires cérébrales quand on utilise une langue apprise « naturellement » et une langue apprise plus tard, plus scolairement.
    Quand on pense aux efforts qu’il faut faire pour apprendre une langue quand on n’est plus un jeune enfant, c’est un cadeau inestimable à faire à son enfant. Et peut-être que dans sa vie d’adulte, même s’il reste au Japon, savoir bien le français peut lui être un atout professionnel incomparable. Ne le prive pas de cette chance!! Et ton mari pourrait profiter d’apprendre quelques mots au fur et à mesure de la croissance de ton enfant, car à son âge tu vas encore employer un vocabulaire et des phrases simples, il peut acquérir des connaissances au même rythme que son fils.
    Et j’ai maintenant l’exemple de mon petit fils de 2 ans, mère francophone, père norvégien, vivant aux USA. Ma fille lui parle français, son père norvégien, le couple se parle anglais et à la crèche il entend l’anglais. Pour le moment il ne parle pas vraiment, il dit des sons qui ne veulent rien dire dans aucune des 3 langues et emploie quelques mots empruntés indifféremment aux 3 langues. Mais cela va se mettre en place.

    • Merci de ton témoignage.
      A t’entendre on dirait que je le fais exprès de ne pas parler français alors que ce n’est pas le cas (relire surtout les derniers paragraphes).

      En tout cas une chose est sûre : je refuse de forcer Kiyo à apprendre le français. Pour apprendre une langue je pense qu’on doit y porter un minimum d’intérêt sinon ça ne sert à rien et on ne retient rien. J’ai un exemple avec l’espagnol que j’ai appris au collège mais pour lequel je n’avais aucun, mais vraiment aucun intérêt : non seulement j’avais des notes exécrables malgré des heures de révision, mais j’avais tout oublié l’année après avoir arrêté les cours.
      Kiyo n’avait pas d’intérêt particulier pour la France à la base et même maintenant qu’on est marié il ne s’est pas découvert une passion dévorante pour mon pays natal (il aimerait bien y aller et il apprécie la gastronomie mais c’est tout). S’il parle déjà quelques mots (salutations de base, quelques chansons pour enfants qu’il chante approximativement à force de les entendre), il ne manifeste pas l’envie d’apprendre donc je ne compte pas lui imposer. Si il retient quelques mots de lui-même au fil des ans c’est chouette, sinon ce n’est pas grave du tout.

  17. C’est passionnant de découvrir le point de vue que l’on peut avoir du Japon sur la maternité, pour cet article la question de l’apprentissage des langues, et de la langue d’une partie des origines du bébé, de son histoire finalement.

    Sans aucune intention de donner un conseil non sollicité, je peux partager mon expérience, côté fille de couple mixte devenue adulte. Je regrette de ne pas avoir pu apprendre correctement la langue de l’un de mes parents, qui ne parlait presque que français avec moi, alors que lui-même parlait, en plus de sa langue maternelle, quatre langues différentes. Cela m’a coupé d’une partie de ma famille, faute de pouvoir discuter, surtout avec les plus jeunes. Et même si une fois adolescents l’anglais peut compenser, ça n’est pas la même chose, et la facilité des amitiés d’enfance que les cousins nouent entre eux manqueront toujours. Sans compter que, lorsque je me rends dans ce pays, je suis déçue d’être attirée par des choses qui me rappelle mon enfance, mais sans pouvoir passer la barrière de la langue, qui empêche de comprendre complètement ce qui me semble pourtant si familier. J’avoue que cette impression est difficile à expliquer à quelqu’un qui n’a jamais vécu cette sensation.

    D’un point de vue moins subjectif, je crois que, de toute façon, quand on est parent on fait forcément des choses qui seront, plus tard, considérées par l’enfant comme des « erreurs » (la crise d’ado, le deuil des parents parfaits je crois ahah).
    Faut-il leur parler français avec effort, ce qui a l’avantage d’ouvrir grand la porte d’une autre civilisation, mais d’être peu agréable pour soi ? Ou ne parler que dans sa langue d’élection (ici le japonais), ce qui lui fera des souvenirs doux mais peut-être d’autres regrets ? Si aucune solution n’est parfaite, c’est qu’il n’y a pas de bonne solution, et que donc, peu importe le choix, il y aura toujours à redire.
    Je trouve aussi que c’est gentil de traduire pour ton mari, il doit être content de comprendre ces échanges. Je n’y aurais pas pensé, mais je trouve que c’est une bonne manière d’exprimer la valeur de la parole.

    Je m’arrête là, et bien sûr ce n’est que mon point de vue, influencé par mon histoire. Chacune a la sienne propre 🙂

  18. Ca a été pareil pour nous pour notre fille. Ma femme est japonaise et je suis français et nous habitions aux Etats-Unis quand notre fille est née.
    La première année, je lui parlais tout le temps en anglais ou en japonais, quasiment jamais en français. Quand elle a eu 1 an, je me suis dit que si je ne commençais pas, je ne lui parlerais jamais en français. Et du jour au lendemain, je ne lui ai plus parlé qu’en français.
    Un parent = une langue est la bonne méthode. Par contre, pas d’exception! C’est 100% du temps que vous devez lui parler en française car sinon, elle ne comprendra pas la grammaire française.
    Nous avions un couple d’amis français et anglaise et la mère parlait de temps en temps en français et de temps en temps en anglais et la fille avait de grandes difficultés dans les 2 langues parce que du coup, elle mélangeait le vocabulaire (ça c’est normal vers 2~3 mais ça dure 6 mois et puis ça passe) mais aussi la grammaire: ça donnait une phrase parlée avec le vocabulaire français mais la grammaire anglaise. Donc à éviter absolument.
    Par contre, avec votre mari, vous pouvez parler n’importe quelle langue. C’est juste avec votre fille que ce doit être systématiquement en français.
    Maintenant, notre fille a 20 ans est trilingue en français/anglais/japonais et apprend le chinois et l’italien.

    • Merci de votre commentaire. Comment parle la petite franco-anglaise aujourd’hui ?
      Si je comprends vos arguments, je ne suis pas sûre qu’un système rigide et contraignant soit la meilleure méthode. Pour le moment je préfère laisser faire le naturel et augmenter la proportion de français petit à petit, mon fils (c’est un garçon) étant encore petit. De toute façon il y aura de toute façon des limites : impossible de parler français dans une conversation familiale à moins d’exclure mon mari ou de lui imposer d’apprendre le français (hors de question) avec des tiers japonais (réunion parents-profs-élève par exemple).

  19. Coucou, je n’ai pas lu les commentaires, j’espère que je ne ferai pas un doublon, mais je ne peux m’empêcher d’insérer mon grain de sel sur ce sujet!
    Moi, j’ai parlé français avec mon bébé depuis le début, même pendant ma grossesse. Parce que j’en avais BESOIN, que c’était spontané. Maintenant ma fille a 22 ans, et parle très bien le français même si sa base de japonais prend largement le dessus. C’est bien pour moi, d’avoir une interlocutrice en français ici, pour elle de maitriser une langue et une culture en plus, ses racines françaises, et lorsque nous allons en France, voir la famille. Les inconvénients: à l’extérieur, au parc, avec les autres enfants, c’était compliqué, à la maison aussi, étant donné que mon mari ne parle pas bien le français, alors, pour discuter à trois… Mais vraiment, je ne comprends pas pourquoi tu te forces! La spontanéité, c’est important. Tu as établi ton schéma propre, tu as ta manière de fonctionner, pas besoin d’être « comme les autres », surtout que je ne pense pas que tu aies l’intention un jour de te réétablir en France avec lui… J’ai discuté un jour avec une talento franco-japonaise, Catherine Seto. Elle ne parle pas un mot de français, c’est un peu embêtant quand elle rencontre sa famille française, après j’ai l’impression qu’elle en faisait un peu une fierté! Elle me dit tout ça dans un Osaka ben à couper au couteau!

  20. Etant née avec une mère française et d’un père portugais j’ai toujours regretté de ne pas parler ni comprendre la langue de mon père. Il n’a jamais fait l’effort de me parler à moi ou mes soeurs dans sa langue maternelle. Ca nous fait toujours sentir exclues avec la partie portugaise de la famille lors des réunions familiale ou quand on allait en vacances chez nos grand-parents portugais quand ils étaient encore parmi nous. On restait toujours entre nous mes soeurs et ma mère. Et je pense avec le recul que ne pas parler la langue de notre père nous a éloigné de lui aussi.
    J’ai l’impression d’être coupée d’un pan de mon histoire familiale (même si mes oncles, tantes, cousins et cousines vivant en France parlent français en plus du portugais, ce n’est pas le cas de ceux qui sont resté vivre au Portugal).

    Bref, ça a toujours été un grand regret. Donc je te félicite pour tes efforts pour parler à Sei en français, c’est important pour lui quand il grandira et pour ta famille en France. Même si son français ne sera peut-être pas parfait l’important est de comprendre et se faire comprendre de sa famille qui vit dans un autre pays. Et ça ne peut qu’être bénéfique pour lui comme pour toi dans la relation que vous bâtissez ensemble ^^

  21. Ce qui pourrait être bien aussi, c’est de le mettre en immersion avec ta maman ou d’autres membres de ta famille française, par exemple régulièrement en long séjour au Japon ou toi, pendant en long séjour en France… Le plus tôt possible pour l’accent, parce qu’après 8 ans, l’oreille et le palais se rigidifient il parait. Moi, c’est comme ca que j’ai appris l’allemand avec ma grand-mère allemande. Ma mère ne m’a jamais parlé l’allemand. En tout cas, je te souhaite le meilleur pour toi et ton petit. Une belle aventure qui commence. Je t’envie, j’aimerais revenir en arrière, ma fille adulte vient de décider de prendre son indépendance et de se louer un appart, à Osaka, c’est pas loin, mais je suis tellement triste. Mais je suis fière d’elle.

  22. Vous devriez parler à l’enfant chacun dans sa langue natale.
    Il faut habituer l’enfant à parler les deux langues dès son plus jeune âge. C’est aussi à cet âge que l’enfant adopte son identité culturelle.
    À 5 ans, il sera trop tard : les muscles de la bouche et de la gorge seront fixés. Il sera difficile de manipuler ces muscles pour leur « enseigner » des mouvements qui ne leur sont pas naturels. C’est ce qui explique un accent perpétuel chez certaines gens.
    Au Canada, dans les couples anglais-français, un parent lui parle en français et l’autre en anglais. À mesure qu’un bébé apprend une langue, il apprend aussi les attitudes et les subtilités qui sont associées à la langue et la culture, chose qui ne s’explique pas dans un cours de langue étrangère.
    Si chaque parent lui parlait dans sa langue, vous pourrez mesurer les résultats quand il aura 5 ans.

  23. Cet article est particulièrement intéressant pour moi car je suis dans un cas un peu similaire, bien qu’encore plus compliqué lol!
    J’ai une langue maternelle (différente du français) que je parle avec un petit accent et quelques fautes car je suis née en France. Mon mari, lui parle une autre langue, l’arabe (facile comme langue hein…) et notre fils est né en France. Donc voila, le petit se retrouve avec trois langues ! Je tenais absolument à lui enseigner ma langue maternelle, bien que ne la maitrisant pas parfaitement moi-même, car c’est l’unique vecteur de communication avec sa famille maternelle ! Quitte à ce qu’il ne fasse que la comprendre, au moins il ne sera pas exclus des conversations. Finalement, même si au début cela me demandait des efforts de « swicher » dans ma langue maternelle alors que je ne l’avais pas pratiquée depuis des années, c’est devenu de plus en plus naturel et automatique. Il m’arrive même de m’emmêler les pinceaux et de m’adresser à mon mari dans la mauvaise langue (qu’il ne comprend pas évidement!). Nous avons finalement tous les deux appris un peu de la langue de l’autre à force de l’entendre utilisée avec bébé 😉 Aujourd’hui le petit à l’air de bien comprendre les trois langues, mais ne parle pas encore à 18 mois (ce qui est normal avec autant de choses à intégrer!).

  24. Je suis d’origine Portugaise de par mon père. IL est venu s’installer en France il y a très longtemps. Ma mère n’a jamais appris le Portugais et lui ne nous l’a jamais appris (mes sœurs et moi). Je n’ai jamais eu de manque étant jeune, juste cette pensée de ce dire qu’on ne connait pas pas sa langue paternelle. Et pourtant je voyais un peu la famille mais difficile de communiquer en effet. Aujourd’hui à 40 ans j’aimerais apprendre mais je n’y arrive pas, je ne sais pas si j’ai vraiment des regrets car je connais trop la vie de mes parents et pourquoi ça c’est passé comme ça. Une chose est sûre, tu fais comme tu peux mais surtout ne te force pas ! Après c’est sûr qu’il vaut mieux se donner à fond pour lui apprendre plus tôt que de le faire à moitié ! Tu verras au fil de tu temps …. ^_^