8 ans au Japon

8 ans au Japon

Le mois dernier j’ai célébré les 8 ans de mon installation au Japon.
Waouh, déjà tant d’années ! Ça paraît long mais j’ai vécu tellement de choses depuis mon arrivée à Fukuoka que j’ai l’impression  que c’est passé très vite. 

Ces 4 dernières années ont été particulièrement intenses puisque j’ai rencontré Kiyo, nous nous sommes mariés et nous avons accueilli notre petit garçon il y a tout juste un mois (je n’ai publié que le premier article concernant ma grossesse mais ça y est il est né !).

Grossesse, couple franco-japonais
Bébé franco-japonais

"Ibasho", un joli concept japonais

Cet anniversaire m’a fait réfléchir à un concept japonais appelé « ibasho ».
« Ibasho » (居場所) c’est « l’endroit où on se sent chez soi », « l’endroit où on est à sa place », « l’endroit où on doit être »« l’endroit où on peut être soi-même ». Je trouve ce mot très joli et poétique car l’ibasho n’est pas forcément sa maison, il peut être n’importe où.

Mon ibasho à moi est sans aucun doute Fukuoka.
Ce ressenti n’est pas nouveau : je pense qu’il est apparu début 2014, lorsque j’ai terminé mes cours en école de japonais, que j’ai emménagé dans mon premier vrai appartement et que j’ai commencé à travailler. J’ai eu l’impression de m’installer pour de bon, de commencer à me tracer un avenir ici et de ne plus pouvoir me considérer « de passage ».

Je me souviens particulièrement d’une excursion à Nagasaki peu de temps après avoir commencé le travail. Ça avait été une journée très sympa mais lorsque je suis rentrée à Fukuoka j’ai éprouvé ce drôle de sentiment : la joie de retrouver le parvis de la gare de Hakata, de prendre le bus pour rentrer dans mon studio, de retrouver les paysages, sons et  odeurs que je connaissais. Je me suis vraiment sentie de retour à la maison, ça m’a fait tout drôle.
Depuis, 
lorsque je voyage quelque part, même si c’est au sein de l’île de Kyûshû j’éprouve toujours ce sentiment particulier au moment où je rentre à Fukuoka. Néanmoins, il est devenu plus fort depuis le jour où j’ai su que j’allais me marier avec Kiyo et encore plus depuis que Sei, notre petit garçon, est né. Fukuoka, c’est vraiment devenu mon chez moi.

Et la France ?

Eh bien, n’étant pas rentrée depuis 8 ans je n’y ressens plus d’attache. C’est bien sûr mon pays de naissance et j’y ai ma famille et des amis mais je ne n’arrive plus à considérer le pays, et même ma ville natale, comme étant chez moi. Après, peut-être que cette impression changera quand j’y emmènerai Kiyo et Sei, mais si on me disait de prendre l’avion demain je n’aurais pas la sensation de rentrer à la maison mais plutôt de faire un voyage dans un pays étranger. D’ailleurs je ne dis jamais « rentrer en France » (フランスに帰る (furansu ni kaeru) ou 一時帰国する (ichiji kikoku suru)) mais « aller en France » (フランスに行く (furansu ni iku)).

En route pour les 10 ans

Après une année un peu particulière avec le covid, ma grossesse et l’arrivée de notre petit garçon, j’espère que cette 9ème année au Japon marquera un retour à la normale, avec beaucoup de voyages et sorties et si la conjoncture me le permet, un changement de travail. Pour le moment je vis un peu au jour le jour mais j’ai hâte de savoir ce que les prochains mois me réservent. Et dans pas longtemps on fêtera mes 10 ans à Fukuoka ! 

Avez-vous un ibasho ? Connaissiez-vous ce concept japonais ?

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23 Comments

  1. Merci pour le concept japonais de l’ibasho. Nous comprenons tout à fait ce sentiment d’autant plus que nous suivons le site depuis ses débuts en particulier pour notre premier voyage au Japon en 2014. Nous avons retrouvé une photo du « Former Prefectural Hall et Official Guest house » prise en Mai 2014 !

  2. C’est tellement une belle histoire et vraiment c’est super pour toi !
    En tout cas j’adore voir Fukuoka à travers tes yeux. Je rêve de venir la visiter.
    C’est parti pour les 10 ans et plus. Avec beaucoup de bonheur <3

  3. Bonjour/Bonsoir Bénédicte, C’est toujours un plaisir de lire tes articles et celui-ci me touche tout particulièrement, il vient de me propulser en arrière, c’est tout à fait ce que je me suis dit en arrivant à l’aéroport de Narita « Enfin de retour chez moi », il y a quelques années. Depuis, je suis toujours dans l’attente et la hâte de retourner au Japon. Je n’avais encore jamais entendu parler du concept « Ibasho », le mien c’est Nagasaki.
    Ton histoire est touchante, je te souhaite un joyeux anniversaire à Fukuoka. J’apprécie beaucoup cette ville, elle est très plaisante.
    Merci pour le partage. Bienvenue à Sei.

  4. Bon anniversaire des 8 ans! Cela fait, moi aussi, 8 ans que je suis au Canada, dont 7 à Winnipeg. C’est devenu tellement naturel pour moi que j’ai complètement oublié de fêter la date « officielle » des 8 ans, le 3 octobre dernier… Il a fallu que je lise ton article pour réaliser!

    Contrairement à toi, je suis allé plusieurs fois en France (4 fois je pense) mais, comme toi, je ne dis pas « rentrer » en France mais aller en France. J’y ai ma famille et des amis, mais ça ne me manque pas. Certains voyages, je les ai fait parce que je me sentais un peu « obligé » (parce que faut aller voir les gens… mais eux ne viennent jamais -_- ) et j’appelle donc mes voyages en France des « voyages diplomatiques ». Ça n’a jamais été de vraies « vacances ».

    D’ailleurs, est-ce que les gens viennent te voir à Fukuoka? À part ma famille, personne n’est venu là où j’habite parce que « tu comprends, c’est loin » ou « on a pas assez d’argent » (ce qui est faux, mais pas pour aller au milieu de l’Amérique du Nord) « on a pas le temps » ou encore « avec notre bébé, on peut plus voyager »… Je pense que ce serait peut-être légèrement différent si j’étais dans une ville de l’est ou à Vancouver, mais pas tant que ça.

    Par contre, à chaque fois que je retourne en France, je sens un décalage culturel de plus en plus important, qui se creuse continuellement au point où des blagues françaises ne me font plus rire (voire me choquent, alors que j’aurais éclaté de rire il y a quelques années), de même concernant des remarques, des commentaires, des façons de faire etc. As-tu, toi aussi, cet effet-là quand ta famille vient te voir, ou des amis?

    • Mes parents viennent me voir et une amie est venue aussi quelques semaines après mon installation mais c’est tout. Des amies devaient venir pour mon mariage mais elles étaient toutes elles deux enceintes donc ça n’a pas pu se faire.

      En ce qui concerne le décalage culture, je le ressens dans le sens où je ne sais pas du tout ce qui se passe / ce qui est populaire en France.

  5. Que dire, à part qu’on vous souhaite le meilleur, et la bienvenue à votre enfant. Merci de nous faire partager toutes ces découvertes, ces histoires, et ce bout de terre si éloigné de l’Hexagone.

  6. Déjà 8 ans ! C’est une très belle histoire qui dure entre le Japon et toi 🙂
    Je n’y suis allée qu’une seule fois en 2016 (mais pas à Fukuoka malheureusement), et j’ai eu un coup de coeur aussi pour ce pays alors je te comprends un peu à mon humble niveau.
    Je te souhaite encore plein de bonheur pour les années à venir. Et bienvenue à Sei 🙂

  7. 8 ans ! Tu en as accompli des choses en 8 ans. Félicitations à toi et ta petite famille

    Pour moi ca va bientôt faire 3 ans à Tokyo, j’ai parfois ce sentiment de ibasho en rentrant de vacances. J’ai une la chance de pouvoir retourner deux fois à Noël en France, et c’est vrai que malgré le plaisir de voir les amis et la famille, le retour au Japon est un sentiment très agréable.
    Enfin bref, en te souhaitant bonne continuation .

  8. Je connaissais le concept mais c’est toujours intéressant de se rafraîchir là mémoire
    Dans mon cas, il est vrai que depuis toute petite je ne me suis jamais sentie comme chez moi en France bien que ce soit mon pays de naissance. À ma grande surprise ce que tu as décris avec Fukuoka, je l’ai ressenti au Canada à Edmonton. Alors pas forcément pour la ville que je trouvais moche (et peu sécuritaire pour le coup) mais en posant les pieds dans le pays. J’ai eu comme une impression d’avoir voyagé longtemps hors de chez moi et de rentrer à la maison en terre canadienne. C’est pourquoi, ce fut un déchirement (couplé à un gros coup de déprime), de partir de ce pays ….. J’espère qu’à Trondheim en Norvège, je retrouverai ce sentiment. Sinon….. Ce sera une autre expérience avant peut être de « rentrer » au Canada

  9. En tout cas, je vous souhaite à tous les trois le meilleur pour la suite. Et j’espère que l’on pourra tous retrouver une vie plus sereine dans les mois à venir.

    Merci de continuer à partager avec nous après toutes ces années

  10. Bon anniversaire pour tes 8 ans Bene !
    Quel bonheur de savoir que tu as trouvé ton ibasho et que c’est encore plus le cas maintenant.
    Je dois avouer que tu es un grand modèle pour moi et je te cite souvent auprès de Panda lorsque nous parlons de ce sujet.
    La preuve je suis revenue en France et pourtant je ne m’y sens pas chez moi non plus, je rêve de trouver un chez moi où j’aurai cette sensation.
    En tout cas j’espère que cette 9e année sera une belle année riche en projets et en bonheur pour toi.

  11. Félicitations pour tes 8 années passées au Japon et pour toutes celles qui arriveront~
    Je réalise que ça fait presque autant de temps que je te suis depuis tes préparatifs pour ton départ et ton choix de Fukuoka!!
    Que de bonne chose pour l’avenir!!

  12. Je te suis depuis longtemps et c’est touchant de voir le développement de ta vie à Fukuoka ! Je suis très heureuse pour toi, merci pour tout ce que tu partages, et je te souhaite plein de bonheur.

  13. Je te suis quasiment depuis le début ; eh oui, ça passe ! En tout cas, on sent à travers tes écrits et ton expérience que le Japon, et en particulier Fukuoka, est ton chez-toi depuis déjà longtemps. Bonne continuation.

    Pour ma part, j’ai « fêté » mes 12 ans au Canada le mois dernier. Tout comme toi, la France ne me manque pas, hormis famille, quelques rares amis, le terroir et les paysages. Le reste… D’ailleurs, je n’y suis revenu que 3 fois en 12 ans !

    @+

  14. おめでとう ! Merci pour cet article touchant. <3 Je ne connaissais pas ce concept d'ibasho, du moins je ne connaissais pas le terme, car du point de vue de l'idée, ça me parle beaucoup. Je n'ai jamais vécu à Paris même, toujours en banlieue, j'y suis juste allée pour mes études, mais c'est mon ibasho je pense, car je suis toujours émue de retrouver ma capitale, même certains monuments qu'au fond je trouve moches xD En même temps, bien souvent, j'aimerais partir à l'autre bout du monde, pour me débarrasser de responsabilités qui me pèsent, mais je ne vois pas ça comme un exil définitif. Cela prendrait juste le temps d'être oubliée…

  15. Quel chouette article. Il donne le sourire 🙂
    Tu es vraiment un exemple pour moi. J’espère qu’un jour je trouverai aussi mon ibasho. Je ne connaissais pas ce concept et j’aimerais beaucoup pouvoir le ressentir ^^.
    Bon anniversaire de 8 ans ! Et je te souhaite plein de belles choses pour la suite 🙂

  16. Merci pour cet article ! je médite sur Ibasho depuis… j’ai l’impression qu’il est au japon avec mes amies Japonaises et leurs familles car dés que je met le pied au Japon j’ai cette sensation que tu décris… mais est ce possible ? je suis venus au Japon seulement 6 fois en voyage et je ne parle que quelques mots…
    plein de bonheur à tous les 3 et j’aime beaucoup tes articles, merci !

  17. Bonjour Béné, encore bravo pour ton parcours ! Et si Kiyo est muté à Tokyo par sa boîte, opteras-tu pour le Tanshin funin pour pouvoir rester à Fukuoka 😉 ? En ce qui me concerne, même si je me suis fait ma place ici en tant que « Française au Japon » et que j’ai acquis un bon niveau de japonais, je n’arrive pas à m’approprier, « habiter » cette langue, être spontanément moi-même dedans, y trouver donc mon Ibasho, qu’en est-il pour toi?

    • Kiyo n’ayant aucun risque d’être muté je ne me suis jamais demandé mais si c’est le cas il refusera sûrement car il ne veut pas bouger de Fukuoka non plus.

      Concernant la langue, au contraire de toi je me suis complètement approprié le japonais. En fait je n’ai que très peu d’occasion de parler français : quand ma famille vient me voir (1 fois par an) et sur internet. Sinon je vis 100% en japonais depuis que j’ai déménagé au Japon et j’en suis arrivée à penser et à me parler en japonais. Ca a ses avantages mais aussi ses inconvénients. Par exemple j’ai du mal à trouver mes mots en français et je bafouille souvent au début. Et le pire : je n’arrive absolument pas à parler français à mon bébé ce qui est un vrai souci. Heureusement il est encore petit donc j’ai le temps de me réhabituer mais j’espère que ça se fera vite.

      • Incroyable! Mais si tu veux parler français à ton bébé, il faut le le faire là tout de suite, parce qu’il enregistre déjà et forme ses structures! Tu te réhabitueras vite, après si tu n’en as pas envie, pas la peine de forcer non plus, il faut rester spontanée, surtout que vous êtes partis pour rester au Japon. C’est marrant chacun a une approche, une sensibilité différentes. Pour moi la langue c’est quelque chose d’hyper intime et profond, j’ai l’impression que c’est la base de ma structure, c’est pourquoi parler une autre langue que le français à mon bébé aurait été très dur, l’impression d’une mascarade, de jouer un personnage…
        Mais je pense que toi aussi tu as besoin de garder des attaches avec le français et les Français, d’où ta présence dans cette langue sur les réseaux sociaux, non?