Dans la peau d’une interprète

Merci pour tous vos retours sur mon article de démission. Ca m’a vraiment boostée, rassurée et confirmer que mon choix était le bon.

Je continue d’avoir 1000 projets et le week-end dernier, je me suis essayée à un nouvel exercice : interprète.
Au
début du mois de mai, j’ai été contactée par la ville, me demandant si
j’étais intéressée de faire la traduction français – japonais pour la
venue à Fukuoka du guide Le Petit Futé.

Interprète… voilà une chose qui ne me serait jamais venue à l’esprit. Je ne pense pas avoir le niveau de japonais suffisant et je n’aime pas l’idée de prendre le travail de gens dont c’est le vrai métier. Mais après tout, c’est une expérience qui ne se représentera pas de sitôt et une formidable opportunité de montrer ma ville à un guide français ! J’ai donc accepté la mission : servir de lien entre le guide français du Petit Futé et les gens de l’Office du Tourisme de la ville.

Carte de Fukuoka


En amont de la venue du guide, je n’avais pas grand chose à faire. On m’a envoyé le planning en me demandant de garder les jours indiqué de libre. Malgré tout, j’ai voulu me préparer un minimum. Je suis donc allée récupérer des brochures à la gare d’Hakata et j’ai post-ité et stabiloté les endroits que nous allions visiter afin de donner des compléments d’information (et surtout me préparer au cas où je ne comprendrais pas les explications en japonais). J’avais aussi fait des petites fiches pour la première journée qui serait axée sur la gastronomie, et préparé mon appareil photo car on m’a donné l’autorisation d’en profiter et de photographier à volonté.

Le jour J, je reçois un mail dans l’après-midi de mes contacts de l’Office du Tourisme me disant que le guide n’avait pas pu prendre son avion de Yakushima et serait donc très en retard puisque obligé de prendre un ferry + le train. En effet, ce jour-là, la pluie était particulièrement impressionnante (même à Fukuoka) et les avions n’ont pas pu atterrir sur la petite île.  Au lieu de commencer en milieu d’après-midi, ma mission a commencé à 21h30 et le programme de la soirée a donc été entièrement revu.
A la base, nous devions aller déguster les spécialités de la ville dans différents endroits dont les célèbres yatai (屋台), ces gargotes qui s’installent la nuit. Au lieu de ça, nous avons été manger des ramens dans une des chaînes les plus connues de la ville : Ichiran (一蘭).

Au menu, évidemment de bonnes Tonkotsu ramens, une des spécialités de la ville. Nous étions installés au premier étage où il y a des tables mais nous avons pu visiter les étages supérieurs où il y a ce qui fait la spécialité de cette chaîne.
En effet, chez Ichiran, on prend son repas dans des box individuels où on ne voit ni le voisin, ni le staff. Pour commander ? On achète un ticket à l’entrée et on donne son ticket dans son box om on reçoit sa commande via le petit espace devant soi (voir photo ci-dessous). Pour commander d’autres choses, il suffit de cocher des cases sur une petite fiche mise à disposition.
Ces box ont été créées pour que le client puisse savourer son bol sans être perturbé par quoi que ce soit. Ils disent aussi que c’est bien pour les femmes qui mangeraient beaucoup et seraient embarrassées de montrer ce qu’elles mangent aux autres.
Nous avions avec nous le directeur de communication de Ichiran qui a répondu aux quelques questions du guide et je faisais la traduction. Je me suis aussi chargée des photos.

Tonkotsu ramens, une spécialité de Fukuoka (ici au restaurant Ichiran)
Les ramens
Restaurant de ramens Ichiran à Fukuoka
Les box

La soirée s’est achevée comme ça et nous nous sommes tous retrouvés le lendemain très tôt pour commencer les visites. Au programme : des temples, un sanctuaire, des musées. Je ne vais pas tout détailler car l’article deviendrait bien trop long mais les personnes de l’Office du Tourisme m’expliquaient les lieux en japonais et je traduisais en français, et vice-versa si le guide avait des questions. Grâce aux personnes de l’Office du Tourisme, nous avons eu quelques passe-droits comme l’autorisation de photographier le grand Bouddha de bois (le plus grand du Japon) qui se trouve dans le temple Tôchô-ji.

Avenue Jotenji, Fukuoka
L’avenue Jotenji est bordée de nombreux petits temples.
Bouddha du temple Tôchô-ji, Fukuoka
Bouddha du temple Tôchô-ji, Fukuoka
Sanctuaire Kushida, Fukuoka
Porte du sanctuaire Kushida

Pour le déjeuner, nous avons eu l’immense privilège de déjeuner chez Hakata Izumi (博多 い津み), un restaurant très discret (il faut vraiment connaître pour le trouver) classé deux étoiles au Michelin et spécialisé dans le fugu.
Ce n’était pas la première fois que je mangeais ce poisson mortel (si mal préparé) mais la seule et unique fois remonte à 9 ans et j’avais complètement oublié le goût. Tout était très fin et délicieux et l’ensemble nous a été servi par le chef en personne qui a pris le temps de nous expliquer chaque plat et la façon de le déguster. Il y en avait partout et malgré ses déclinaisons, c’était un peu redondant. J’ai un peu honte de l’avouer mais je me suis lassée du goût dans les derniers plats.
Après le repas, nous avons montré au guide quelques boutiques de souvenirs puis il a pris son train pour une autre destination.

Sashimi de fugu
Sashimi et morceaux de peau de fugu.
Beignets karaage de fugu avec tenpura de lotus et gombos
Beignets karaage de fugu avec tenpura de lotus et gombos.
Confiture de fugu avec tomates et gombos
De la confiture de fugu avec tomates et gombos.
Un pot de confiture de fugu nous a été offert. Je ne sais pas comment je vais m’en servir !

Au final ? Un bilan plutôt mitigé.
Dans un sens, ce fut une expérience formidable : je me suis essayée à quelque chose de nouveau, j’ai pu faire des choses que je n’aurais pas pu faire habituellement et je me suis vraiment plongée dans le monde du tourisme. Ce fut très enrichissant et m’a convaincue que c’est vraiment un monde dans lequel je veux évoluer. J’ai aussi pu apprendre beaucoup de choses sur les lieux que nous avons visité, ce qui n’est jamais négligeable.
Enfin, je n’ai pas eu l’impression d’avoir eu du mal à traduire même si mon vocabulaire japonais manque encore de richesse. Je vais m’améliorer, mon niveau ne me convient encore pas du tout.

De l’autre côté, j’ai été déçue et par rapport au programme proposé par la ville. Se contenter de 24h pour un bol de ramen, un temple, un sanctuaire et un resto de fugu alors que Fukuoka a tellement à offrir, j’ai trouvé ça très frustrant et ai eu l’impression de ne pas avoir pu montrer la ville que j’aime.
Je crains qu’il ne va pas y avoir grand chose à propos de Fukuoka dans la nouvelle édition du Petit Futé…
Tout cela est parti d’une bonne intention de la ville mais ce n’était pas du tout adapté. D’ailleurs, l’Office du Tourisme en est bien conscient puisqu’ils m’ont demandé de travailler avec eux afin de proposer des choses plus adéquates pour attirer les touristes français et occidentaux. En effet, on ne vient pas au Japon pour faire deux heures de route afin d’aller voir un arbre qui a un trou en forme de cœur ! (anecdote véridique, racontée par le guide du Petit Futé). Enfin, on verra comment ça évolue avec eux. Apparemment ils ont été contents de ma prestation donc j’espère qu’ils me rappelleront.

En attendant, j’aimerais beaucoup retenter l’expérience avec pourquoi pas la possibilité d’établir un programme par moi-même.

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Sanctuaire Kashii-gû, Fukuoka

17 Comments

  1. Super expérience, qui te permet aussi d'approcher le tourisme présenté officiellement et de voir ainsi un peu les revers des visites des guides éditeurs.
    Au passage, j'ai toujours imaginé les guides comme des gros baroudeurs qui connaissent parfaitement le coin et qui zone et testent tout ce qu'ils trouvent. je n'aurais pas pensé que l'office du tourisme du coin leur proposait un programme découverte plus ou moins pertinent. Mais c'est surement parce que je suis un peu bisounours !

    Go go Béné, continue de nous faire découvrir Fukuoka !

    • Je n'avais jamais trop pensé aux gens qui écrivent les guides mais tu n'es pas la première à me dire ça.
      Après ça dépend peut-être (sûrement) des guides ?

      Yeah ! Je vais passer à la vitesse supérieure !

    • Je pense aussi que ca dépend des guides. Du coup ca donne envie de rencontrer des gens qui bossent pour les Lonely planet et les guides du routard.

    • Super article comme toujours Béné, le tourisme est un domaine qui te va bien je trouve !
      がんばって!

      Compte-tenu de mon boulot (dans une contrée moins exotique cela dit, un contexte à prendre en compte), je confirme que les auteurs de ce genre de guides sont loin d'être des baroudeurs, en tout cas chaque année c'est le même scénario chez nous : on nous contacte pour savoir s'il y a des nouveautés, si oui ma collègue des relations presse part en vadrouille pendant une journée pour faire quelques visites, manger au resto et goûter des bières (lol), mais le programme est toujours établi par l'Office.

      La semaine prochaine, on doit faire ça… avec un ou une blogueuse pour changer^^ J'aimerais bien savoir de quel type de blog il s'agit… Bref je m'égare lol

  2. Moi non plus je n'aurais jamais imaginé que les guides qui rédigent les guides avaient besoin de guides sur place (un peu redondant ma phrase je crois ^^).
    De la confiture de fugu? o_O Je ne savais même pas que ça pouvait exister XD

  3. En lisant je me suis dit pareil. Il n'y a t il pas mieux à voir à Fukuoka ? Et peut être pour moins cher ? Le resto avec le fugu donne l'impression d'être assez coûteux.
    Par contre c'est vraiment bien si l'office du tourisme se rend compte que l'élan ign pourrait être mieux adapté. Ça va te faire encore du boulot :p

    • Oui c'était assez cher. Je pense qu'ils ont voulu l'impressionner…

      J'espère vraiment qu'ils vont me recontacter, j'aimerais vraiment travailler de plus en plus avec eux.

  4. C'est chouette d'avoir eu cette expérience! Je suis sûre qu'ils te rappelleront 🙂 Qui sait, tu pourrais devenir leur interprète permanente un jour.

  5. Le soucis des guides sur le Japon (comme pour les autres pays d'ailleurs), c'est qu'ils se focalisent le plus souvent sur les 3-4 lieux phares du pays. Par contre, pour les destinations moins prisés habituellement, il n'y a que très peu d'informations.

    A toi, de te battre contre ces moulins géants afin de faire changer la vision des guides sur Fukuoka.

    A quand une version un grand week end à Fukuoka ???

    Seb

  6. bonjour!
    merci de ta visite sur mon blog. c'est une expérience très enrichissante et malgré tout tu peux en retirer du positif. c'est super si cela t'a permis de découvrir ta voie.
    je te souhaite un bon dimanche et à bientôt!