Nouveau statut de résidence au Japon : une nouvelle vie commence

En l’espace d’un jour, ma vie à complètement changé ! Non non je ne me suis pas mariée, on en est encore loin. J’ai juste reçu un sésame sans lequel mon avenir ici aurait été incertain.

 

Je suis maintenant l’heureuse détentrice d’un tout nouveau statut de résidence qui me permet de travailler (vulgairement appelé visa de travail).  Il est d’une durée d’un an, (renouvelable) et je reste bien sûr dans ma ville adorée Fukuoka. Je n’en avais pas trop trop parlé de peur de me porter malheur (et pourtant je ne suis pas superstitieuse) mais maintenant c’est bel et bien officiel !
 
Samedi soir dernier, une carte postale de l’immigration a été placée dans ma boîte aux lettres demandant de me présenter au guichet d’ici le 31 mars afin d’avoir la réponse à la demande de changement de visa que j’avais formulée deux semaines plus tôt. Même si je m’y attendais vu le contenu de la carte (on me demandait 4000Y de timbre fiscal), ma demande a été acceptée. Mon précédent visa a été estampé « annulé », on a troué mon ancienne carte de résidente et j’en ai reçue une nouvelle que voici.
 
Mais comment en suis-je arrivée là ? Remontons un peu dans le passé (informations utiles inside).
 

Création du projet et premiers efforts

Dés début 2013, je savais qu’une fois mes 18 mois d’études terminés, j’allais revenir avec un visa vacances-travail. N’ayant pas les pré-requis « officiels », je ne pensais pas pouvoir obtenir de visa de travail. En y re-réfléchissant un petit peu, j’ai réalisé que j’avais quand même pas mal de connaissances assez variées dans l’univers du design, que j’avais 6 ans d’expérience en entreprise et tout de même un BTS alors pourquoi ne pas tenter ? J’ai alors commencé à travailler CV et présentation avec l’aide de mes professeurs, voilà ce que ça donne :

 

Un CV japonais
Mon CV japonais

1. Information personnelles
2. Parcours scolaire
3. Expérience professionnelle
4. Diplômes
5. Poste recherché
6. Texte de motivation
7. Compétences
8. Hobbys
9. Clubs et autres activités au sein de l’école + portfolio professionnel.

 
 

A la recherche d’un entreprise

Dés début janvier, une de mes professeurs m’a conseillé de prendre contact avec LINE, l’entreprise dont le service de messagerie fait fureur en Asie. En effet, LINE se rapatrie à Fukuoka où elle a été créée et embaucherait pas mal de monde pour l’automne 2014. Mon visa étudiant expirant le 30 avril, le recrutement était hélas un peu trop tard pour moi. Je me suis alors mise à la recherche d’agences web et et autres boîtes de graphisme sur Fukuoka. Je suis alors tombée sur une annonce, celle d’une grosse entreprise de jeux online où un webdesigner était recherché.
En consultant leur site web, j’ai vu qu’elle avait un lien avec LINE (création de stamps) et qu’il y avait toute sorte de postes à pourvoir mais hélas pas de webdesigner. L’entreprise m’intéressant particulièrement, j’ai décidé de postuler pour un autre poste : designer 2D. Le temps d’étoffer mon portfolio, l’annonce pour un webdesigner est ré-apparue et j’ai sauté sur l’occasion et rempli le formulaire en ligne. Réponse deux jours plus tard du service recrutement : mon profil les intéresse mais ils veulent que je confirme si je suis bien dans la capacité d’obtenir un visa. Car d’après leurs infos, pour un webdesigner, le visa à obtenir est le visa Engineer et pour l’avoir il faut une licence ou 10 ans d’expérience, ce que je n’ai pas.
 
Direction l’immigration, un peu décontenancée par cette demande particulière. Ça a aussi paru étrange aux officiers qui m’ont rappelé que ce n’était pas la procédure habituelle (qu’est-ce que j’y peux ?). Examen en 2 minutes chrono de mon CV et le couperet est tombé : non, vous n’avez pas les compétences requises.
Je suis retournée à l’école où entre temps mon professeur principal a mis sur le coup le département international ainsi que le service d’aide de recherche d’emploi du campus (les avantages d’être dans une grande école) qui m’ont proposé de retourner à l’immigration avec la spécialiste des visas. Cette fois nous avons demandé à voir un officier vétéran à qui on a exposé mon parcours et qui a passé un bon bout de temps le nez dans les bouquins (ayant tout fait en alternance je suis un cas particulier).
Réponse : un BTS (même en alternance) ou un diplôme de niveau III équivaut à être diplômé d’une université à cycle court de 2 ans (tanki daigaku 短期大学) ce que nous (immigration) considérons comme étant la même chose qu’un diplôme obtenu dans une université de cycle normal de 4 ans. De plus un webdesigner peut aussi postuler pour le visa Specialist in Humanities / International Services où seulement 3 ans d’expérience sont requis donc pas de problème apparent pour le visa.
 
Eh bien, c’est bon à savoir : vous qui cherchez un emploi au Japon, sachez que en théorie, si une entreprise vous sponsorise, un BTS est suffisant.

 
 

Les entretiens

Après avoir reçu cette bonne nouvelle, je me suis empressée de contacter l’entreprise par mail en leur donnant tous les détails.
J’ai alors été convoquée pour un premier entretien le lundi suivant. Le jour J c’est en costume (indispensable, même pour les femmes) que je me suis présentée. Visant un poste en recrutement avec expérience (中途採用, chûto saitô), j’étais la seule à passer ce jour (les entretiens en groupe sont monnaie courante ici). On m’a installée dans une salle devant un ordinateur où j’ai passé un test de niveau de 30 minutes : réaliser une bannière pour un de leurs jeux.
30 minutes c’est très peu et je n’ai pas été satisfaite du résultat alors qu’on m’annonce une pause de 15 minutes avant l’entretien, j’en ai profité pour peaufiner mon travail, petit effort qui a joué en ma faveur.
Ensuite l’entretien à proprement parlé à commencé : les trois webdesigners en face de moi m’ont bombardé de questions sur moi, mon CV, mon expérience, ma vie au Japon et beaucoup d’autres encore. L’ambiance était sympathique.
Une fois rentrée, j’ai reçu un mail avec une convocation au second entretien deux jours plus tard. Je suis passée cette fois devant la DHR et un directeur de création. L’ambiance était encore plus sympathique. On m’a reposé les mêmes questions et de nouvelles dont celles qui m’ont fait comprendre que j’avais le poste : « quel salaire voulez-vous toucher ? » et « pouvez-vous commencer immédiatement ? »
 
En effet, une semaine après j’ai reçu la confirmation : j’ai le job ! Du premier coup, dans l’entreprise que je visais en priorité : un vrai coup de chance.
J’ai eu un rendez-vous pour signer le pré-contrat, découvrir mon salaire et obtenir des informations sur le poste (horaires, vacances, prélèvement de taxes etc…). On m’a bien rappelé que mon embauche serait définitive seulement après l’obtention du visa.

 
 

La demande du changement de statut et le résultat

Le temps pour moi et l’entreprise de réunir les documents et traductions nécessaires, il aura fallu 3 longues semaines avant que je puisse déposer ma précieuse demande.
A l’immigration, l’officier qui m’a reçu était la même personne que celle qui m’a dit que
je ne pouvais pas avoir de visa. Elle m’a reconnue et m’a dit « Oh c’est vous qui êtes venue l’autre jour. Wow l’entreprise qui vous sponsorise est une grosse entreprise pas vrai ! » Petite victoire, c’est avec un grand sourire que je lui tends mon dossier. Elle tamponne en retour ma carte de résidente certifiant que j’ai une demande de visa en cours et voulant dire que je dois rester au Japon jusqu’à la fin de la procédure même si mon visa actuel expire avant.
 
Documents fournis lors de la demande de changement de statut : 
– Copie du passeport;
– Photo d’identité;
– CV en japonais;
– Diplômes CAP, Bac et BTS avec leur traduction japonaise;
– Certificat de travail + traduction japonaise;
– Explicatif en japonais sur l’alternance;
 
Documents fournis par l’entreprise : 
– Formulaire de demande de changement de statut;
– Offre d’emploi signée;
– Lettre expliquant pourquoi l’entreprise veut m’embaucher;
– Brochure de l’entreprise;
– États financier de l’entreprise (dans une enveloppe scellée);
– Une copie de l’enregistrement légal de l’entreprise.
– Explicatif en japonais sur le BTS et sa correspondance au Japon;
 
Sur place j’ai rempli une petite carte avec mon adresse et un papier fut agrafé dans mon passeport avec un numéro de dossier. Le résultat peut prendre jusqu’à deux mois mais j’ai du attendre moins de deux semaines. Lors du dépôt de la demande, j’ai postulé pour deux visas : Engineer, qui m’était soi-disant hors de portée, et  Specialist in Humanities / International Service. Résultat, j’ai eu celui que je n’étais pas sensée pouvoir avoir. Comme quoi.
 
Malgré que tout le monde me disait que ça allait bien se passer, je n’ai pu m’empêcher de stresser. J’en parlerais plus tard mais n’ayant pas de garant, mon nouveau logement a été loué au nom de mon entreprise. Sans visa pas de travail, pas de travail = plus de logement. J’aurais aussi du retourner en France pour obtenir le visa vacances-travail. Des soucis et pas mal de dépenses en plus quoi. Mais heureusement tout ça est derrière moi.
 
 
A propos, comment savoir si la demande est acceptée ou non ? Si on reçoit la carte postale pré-remplie par courrier normal, la demande est acceptée. Si vous recevez autre chose c’est qu’il y a un souci quelque part.

 
 

Quelques données

Entre la découverte de l’annonce et la signature de l’offre d’embauche, il s’est passé trois semaines.
J’ai eu deux entretiens.
Le premier a duré 1h15 : 30 minutes de test, 15 minutes de pause et 30 minutes d’entretien à proprement parlé.
Le second a duré 30 minutes.
Le dépôt de dossier s’est fait en 30 minutes à l’immigration. Il a été vérifié deux fois.
J’ai obtenu mon visa en 11 jours.
 
 

Ce qui a joué en ma faveur

Avoir un profil complet et polyvalent a été la clef pour décider de mon embauche. En plus du web, je maîtrise aussi le print, le code et je touche à l’animation et à l’illustration. Mes 6 ans d’expérience où j’ai travaillé pour de grands groupes ont aussi fait la différence (on m’a posé plein de questions sur ces années. L’alternance, c’est vraiment bien). Grâce à cela, mon entreprise a l’ambition de me faire passer chef d’équipe dans un délais court.
J’ai la chance d’être tombée sur une entreprise qui a tout fait
pour m’avoir : excellente lettre de motivation pour ma demande de visa,
plusieurs coups de fils à l’immigration et à mon école, etc…
 
Le fait de sortir du plus grand groupe d’école de Kyûshû a clairement joué pour moi. Si j’étais sortie d’une banale école de langue, d’une part je n’aurais pas eu toute cette aide, d’autre part, ça aurait fait moins bien sur le CV. D’où l’importance de bien choisir son école.
Parler japonais est aussi indispensable. J’ai la chance d’être assez à l’aise à l’oral ce qui a rassuré mon employeur. Malgré tout un niveau JLPT N2 minimum est requis, l’employeur ne pouvant se faire une idée de vote oral à travers une réponse d’annonce.
 
Pour terminer, la motivation et l’acharnement sont essentiels. Je me suis démenée pour améliorer mon japonais, me donner les moyens de rester et réaliser mes rêves. Je commence mon travail le 1er avril, il est temps de profiter de mes dernières vacances d’étudiante car dans quelques jours une nouvelle vie commence.

Pruniers à Dazaifu, préfecture de Fukuoka
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Cours de japonais, Aso College Group, Fukuoka

44 Comments

  1. C'est une excellente nouvelle et effectivement tout s'est passé comme sur des roulettes pour toi ! Bravo bravo BRAVO 🙂
    Cet article fait vraiment plaisir à lire

  2. Félicitation, je suis très heureuse pour toi. Tu le mérites, je savais que tu réussirais ton projet de rester là-bas.
    gros bisous

  3. Félicitations 🙂 je suis à chaque fois tes articles et je suis vraiment ravie que tu aies réussi à trouver ce dont tu rêvais ! J'espère que j'arriverai à faire pareil 🙂

  4. Super nouvelles !!!

    c'est parti pour une nouvelle aventure (après des vacances bien méritée)

    On attend la suite avec impatience

    Seb (un lecteur muet jusque là)

  5. Tout comme le Seb plus haut, j'était un lecteur muet mais qui sort de son mutisme pour te dire bravo.

  6. Félicitations !!!
    Le talent et la persévérance paient (et en plus les astres étaient avec toi 😉
    Plein de bonheur dans cette nouvelle aventure

  7. C'est génial !
    je savais que tu allais rester au Japon !
    tu vas vivre une superbe expérience
    en tout cas je te souhaite beaucoup de bonheur dans ta nouvelle vie
    félicitations 🙂

  8. Encore bravo ! ^^ Mais je viens de remarquer que tu avais écris ton nom en hiragana et non katakana, c'est original ! C'est toujours en hiragana, même pour les étrangers ?

    • Merci beaucoup pour ton commentaire, tes messages sur Twitter etc…
      En fait cela dépend des cas. Lorsque "furigana" est écrit en hiragana, tu dois écrire en hiraganas même si ton nom n'est pas japonais. Sinon quand c'est écrit en katakana, tu restes avec les katakanas.

    • Ohoh je ne savais pas ! J'ai du faire un CV japonais pour mon stage mais je suis restée sur les katakana ^^

  9. Bravo 🙂
    Je n'ai pas tout lu, seul les points qui m’intéressaient le plus et franchement c'est super cool pour toi, après comme on dis souvent : nous n'avons rien sans rien et voilà que tous tes efforts ont été récompensés 🙂 Bisous.

  10. Bonjour, et felicitation !

    Sais-tu dans quel type de visa peut-on classer "l'hotellerie" ?

  11. Un vrai parcours du combattant cette expatriation au Japon. Je suis moi-même au Canada et je trouve très difficile d'y rester. Ton expérience montre vraiment que tout est possible lorsqu'on le veut vraiment. Omedetou !!!

  12. Félicitation (*_*)
    Ton expérience me fait rêver ! En ce moment je cherche justement une école de langue sur Fukuoka qui propose un bon encadrement. En fouillant sur plusieurs sites d'écoles j'ai eu l'impression que toutes offraient un bon encadrement avec des profs soucieux de l'avenir de leurs élèves… à moins que ça soit de la publicité mensongère ? (^_^; J'ai bien cru comprendre en lisant ton blog qu'une école réputée offraient plus de possibilités et que tu étais satisfaite par Aso. Est-ce que tu penses que la différences avec une ''petite'' école est vraiment différente ? Pour l'instant je pense aller aux portes ouvertes en juin pour me faire une idée 🙂
    Au passage, tu rends vraiment bien sur leur site internet 😉

  13. Mes plus sincères félicitations !!! J'ai lu ton article avec des tonnes d'étoiles dans les yeux.

    Tu vis le rêve que j'ai depuis mes 16 : devenir graphiste au Japon. Ça m'a l'air beaucoup plus compliqué que ce que je pensais niveau visa… Pour le moment, je suis en stage d'infographie (web principalement) à Osaka, c'est un petit bout de rêve réalisé. J'en suis à mon 3e mois, je repars le 23 mai en Belgique. Je suis diplômée en juin, je compte donc directement travailler en tant qu'infographiste pour me faire de l'expérience mais aussi pour économiser avant de retourner au Japon fin 2015 dans une école de japonais à Osaka pour étudier pendant une année et atteindre le niveau N2 (j'en suis actuellement au N3). Après cela, je tenterai de me trouver un boulot d'infographiste toujours à Osaka en étant sur le sol japonais.
    Tu as fait exactement le même parcours que je compte faire (excepté tes 6 ans d'expérience, je ne suis encore qu'étudiante…), j'espère vraiment que cela se passera aussi bien de mon côté… Je suis vraiment super motivée, jamais je n'ai baissé les bras jusqu'à maintenant.

    Je te souhaite vraiment beaucoup de bonheur pour la suite, tu le mérites vraiment vu ton acharnement à réaliser tes rêves !

    Laura

  14. Salut sweet béné ^^ c'est jess- chan d'expat blog.
    Merci beaucoup d'avoir répondu à mon message. Oui je souhaiterai avoir des infos sur ton école car depuis quelques temps je sens qu'il est temps pour moi de partir réaliser mon rêve. Je te remercie d'avance et félicitation pour ton emploi et ta belle réussite au Japon. Cela me motive énormement pour me lancer moi aussi.

    Jess-chan

  15. Merci beaucoup pour toutes ces infos! Je me souviens t’avoir posé la question sous un autre article, si tu avais des infos pour les différents visas, j’ai toutes mes réponses à présent! Et notamment sur expat que j’ai beaucoup consulté ce weekend.
    Quelle belle réussite! Chapeau!
    (^3^)~

    • Oh Expat.com ! Ça fait longtemps que je m’y suis pas connectée il faudra que j’aille y faire un tour. Ils lancent des sujets sur les forums qui peuvent être de bonnes idées d’article.